La chronique de Mame Gor : Locales, enjeux et confusions

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Après plusieurs années d’incessants reports, de revirements et d’hésitations, les élections locales qui se tiennent le 23 janvier 2022 sont à enjeux multiples. Comme toute élection, elles constituent une respiration démocratique, mettant en jeu les mandats de 557 maires et des conseillers départementaux en poste depuis 2014, dépassant largement les cinq ans prévus par la Constitution. Elles devraient aboutir à une certaine reconfiguration-actualisation du champ politique sénégalais. Ce premier scrutin, après la réélection du président Macky Sall en 2019, ne peut laisser indifférent ce dernier qui s’active, se donne à fond et donne un coup de pouce à ses partisans. Conscient que même s’il n’est pas directement impliqué, son ombre plane. C’est évident que les résultats de ces joutes l’intéressent, lui le leader de la coalition au pouvoir en compétition avec une opposition qui a réussi à former des alliances assez solides autour de personnalités politiques de grande envergure. De Yewwi Askan Wi à Wàllu Sénégal.

C’est une redondance d’affirmer que la bataille de Dakar a un intérêt pour tous les camps. La capitale « fuit » le pouvoir. L’opposant d’Abdoulaye Wade, Khalifa Sall élu maire en 2009, s’est opposé à Macky Sall qu’il avait soutenu en 2012 et est réélu en 2014. Beaucoup d’eau a coulé sous le tunnel…de Soumbédioune qui mène au Palais. Les accusations de détournements, le jugement, l’emprisonnement, la radiation, le débauchage. Mais Khalifa Sall est resté malgré tout le maître de Dakar. Soham Wardini passe devant les autres candidats du pouvoir qui espéraient ainsi tenir le bon bout.

La banlieue de Dakar, grenier électoral est au cœur des enjeux. Parcelles assainies, 96.244 électeurs, selon la Commission Électorale nationale (Cena), en 2019- cinq fois le nombre d’électeurs de la commune Fatick (21.378), presque dix fois que Matam ( 11.701)- est convoitée à juste titre. La formule est connue : qui gagne les Parcelles, gagne la capitale. Moussa Sy vainqueur avec Khalifa Sall en 2009 et en 2014, est aujourd’hui avec Macky contre Khalifa allié de Sonko. Que donnera cette nouvelle donne ?

Guédiawaye, cinq communes (195. 332 électeurs) est un symbole car dirigé par le frère du président Aliou Sall, élu en 2014 avec le soutien décisif de Malick Gakou qui a, entre temps créé son Grand Parti et s’oppose au chef de l’Etat. Sall-frère passe pour être une personnalité publique qui s’est enrichi avec l’argent du pétrole et du gaz même s’il a été « blanchi » par la Justice à la suite d’un « non procès » après les révélations de la Bbc dans une enquête retentissante.

D’autres localités comme Pikine, Rufisque, Saint-Louis avec le beau-frère du président, Fatick seront bien surveillés. Si Ziguinchor qui a toujours attiré les attentions, est pour cette élection une des localités les plus courtisées, c’est certainement du fait de la candidature d’Ousmane Sonko, à la mairie de cette ville. Le leader de l’opposition qui y avait largement gagné en 2019, cherche à consolider sa base pour certainement se projeter en 2024.

Futiles « concussions » …

Au décompte final, le pouvoir pourrait bien gagner en termes de voix, de nombre d’électeurs, comme en 2009 sous Wade et en 2014 avec Sall mais la « grande guerre » se passe dans les villes symboles et autres localités déterminantes pour la marche du pays. Un enjeu à délimiter pour ceux qui, comme Mahmout Saleh directeur de cabinet du président, pensent que la candidature ou non de Macky Sall en 2024, dépend de la tournure du scrutin du 23 janvier prochain. Des opposants aussi tiennent un discours analogue. Ils font fausse route. Inutile d’entretenir une telle confusion dans le seul but d’enflammer des militants et autres citoyens qui devraient d’abord choisir entre des offres programmatiques dignes de sortir leurs localités respectives des difficultés notoires.

Maintenant, l’idéal est de créer, malgré la crise sanitaire, les conditions d’une campagne et d’une mobilisation citoyenne à la hauteur de l’enjeu. Sans anicroche, sans confusion. Une confusion a été fatale à des dizaines de réfugiés en Éthiopie dans un camp dans le nord du pays lors d’une attaque de drone. C’est du moins ce qu’affirment les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TLPF) qui accusent le gouvernement éthiopien d’être responsable de ce drame. Une nouvelle qui risque de démolir les efforts de « réconciliation nationale » notés ces derniers temps.

Au Mali, la confusion règne. De fortes oppositions autour du délai de la transition. La proposition, le 30 décembre 2021 par les participants aux Assises de prolonger la 8transition de la junte de » six mois à cinq ans » suscite l’ire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et une partie de l’opinion malienne qui dit non à la volonté d’Assimi Goïta et Cie de faire cinq ans prenant le contre-pied de la durée prévue. On s’achemine vers une aggravation du désordre déjà persistant avec son corollaire de conséquences désastreuses, si l’on sait que l’argument sécuritaire brandi par la junte, pourrait ne pas résister à la précarité persistante sur le terrain. Certaines des sanctions de la CEDEAO contre le Mali annoncées dimanche sont contre-productives. Elles en rajoutent aux « foncusions » ! Confusions ! Pardon !

MAME GOR NGOM

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