Je suis Casamançais et Mamour Diallo (Jean-Marie Biagui)

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d’emblée, et sans faux-fuyant, j’adjure :

‘Moi qui suis la victime-absolue de mensonges et autres affabulations des plus ineptes, de calomnies, d’opprobres, de la part d’ennemis autoproclamés comme tels avec une candeur diabolique ; Avec comme objectif, généralement inavoué, quelquefois avoué avec bagou (c’est plus courageux), de me faire tuer par le Maquis casamançais, sans aucune autre forme de procès, sous prétexte que j’aurais vendu la Casamance au Sénégal, au mieux, ou, au pire, à la France ; 

Et qu’à ce titre je serais un homme bougrement corrompu ;

Sachant, au demeurant, évidemment devrais-je dire, que cette forme de condamnation à mort purement gratuite, sauvage qui plus est, est avant tout un blanc-seing pour toutes sortes de règlements de comptes ;

Alors que, au même moment, il est de bon rendement politique du point de vue de l’Etat que l’alors Secrétaire à l’Aile Extérieure (avec résidence en France) puis Secrétaire Général du MFDC, que je suis, soit dans une si mauvaise posture ;

Moi qui suis cette victime-là, je ne peux ni ne veux, sous aucun prétexte, me résoudre à l’idée que même un ennemi irréductible, si tant est que j’en aie objectivement, puisse vivre un tant soit peu une expérience comme celle-là. Non ! je ne le peux pas aussi bien que je ne le veux pas. De toute façon je ne sais guère manger de ce pain.’

Or, Monsieur Mamour Diallo ne saurait être un ennemi pour moi, si l’on sait que je ne le connais ni d’Adam ni d’Eve.

Cité, ou livré, d’abord de manière sauvage, puis en y mettant laborieusement quelque forme, comme pour se souvenir que nous sommes en République et dans un Etat de droit, Monsieur Mamour Diallo est présenté au public comme le principal accusé dans l’affaire dite des 94 milliards. Mais tout le monde aura constaté que, dans cet exercice à l’issue incertaine pour son auteur, tel que cela se passe généralement en pareille circonstance, l’agitation est avec l’accusateur ce que la sérénité est avec l’accusé.

Où l’on va découvrir un accusé constamment stoïque, malgré les effets dévastateurs de la Toile et des réseaux sociaux. Comment dès lors ne pas être Monsieur Mamour Diallo ?

Pour autant que je sache, et en attendant que la Justice lui donne et un contenant et un contenu judiciaires rationnels, l’« affaire des 94 milliards » est, par essence, du « système » ; auquel appartiennent, soit dit en passant, tous les protagonistes de ladite affaire, sans aucune exclusive ; mais auquel n’appartient aucunement, mais alors aucunement, le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), en tant qu’il est ontologiquement « hors-système ».

Oui ! c’est désormais connu de tous : au Sénégal, seul le MFDC avec ses sympathisants est « hors-système ».

Or, l’« affaire des 94 milliards » est une affaire non-casamançaise.

Pour cela, en ce qui me concerne, je ne saurais accepter, ni même simplement tolérer, au regard notamment de ma responsabilité historique et bien assumée dans ce qui oppose l’Etat et le MFDC depuis 1982, que le « spectre du MFDC » soit agité pour une affaire non-casamançaise, en l’occurrence l’« affaire des 94 milliards ».

Sous ce rapport, donc, une fois de plus, je veux être clair : les appels du pied à l’intention du MFDC ne passeront pas. La Cause que défend le MFDC ne saurait être réduite à un jeu de grands enfants.

Par ailleurs, peu m’importe que, dans ladite affaire, Monsieur Mamour Diallo soit reconnu coupable ou non. Peu m’importe, aussi, à plus forte raison, que son accusateur soit Casamançais.

Cependant, ceux qui voient les choses autrement devront souffrir que le Casamançais doublé de Diola-Baïnouk que je suis, ne serait-ce que pour la salubrité de mon éthique personnelle, soit aussi en l’espèce Monsieur Mamour Diallo.

Car, par principe, et pour le principe, je suis pour la justice. Mais guère pour l’injustice, ni pour l’arbitraire sociologique.

Et la Justice étant sur le point de se saisir de cette « affaire des 94 milliards », il est heureux de concevoir, d’espérer même, que cela va permettre, soit à l’accusé de laver son honneur, soit à l’accusateur de s’honorer en apportant les preuves de son accusation.

Dakar, le 13 octobre 2019.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)

Ancien Secrétaire Général du MFDC

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