Hommage posthume, à Me Alioune Badara Cissé (Par Abbé Théo Mendy)

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Maître, bonjour.

Je n’ai jamais eu l’occasion de te croiser ou de te rencontrer, sur les routes de la vie, au cours de ton pèlerinage vu sur la terre. Mais j’ai appris à te connaître, à t’écouter, à suivre tes faits et tes gestes. Au-delà de tes humanitudes, comme aurait dit Albert Jacquard, tu auras consacré  ta vie à être un infatigable témoin de l’amour, de la vérité et de la liberté. Tu auras consacré ta vie, au service de tes semblables. Tu voulais aider l’homme à être plus homme. Mais pas “un homme préfabriqué”,  un homme avili et dont la conscience serait vendu au plus offrant, pas un homme “taf yengueul”, mais un homme debout, digne et responsable.

Un sénégalais, honnête, sincère et loyal. C’est à croire que sur la terre, a chacun son destin et à chacun son chemin. Mais ce  chemin n’existe que par notre marche. Aux uns, les exilés, aux autres, les prisons, à toi la médiature. Mais la médiation, véritable, celle là, se nourrit du cœur, de l’empathie et de la vérité. Une belle alchimie qui a l’épreuve du temps, devrait pouvoir porter des fruits fécondants.

Cette mission. tu as essayé de  l’assumer, autant que tes forces humaines  te le permettaient, en conformité avec les prescriptions de ta religion musulmane et de  ta foi en  l’homme. Ta liberté, tu ne la jamais mise en vente aux enchères. Tu n’étais pas de ce genre d’hommes, facile à acheter, à manipuler ou  à mettre en boite ou en case. Maître, tu étais humain et rien de ce qui était humain, ne t’étais étranger. Tu as combattu, la cause des pauvres, des laissés pour compte, des blessés de la vie. Tu n’as jamais oublié, les oubliés. 

C’est parce que tu avais compris que l’émergence ne devrait pas être seulement qu’un discours ou une élégance verbale, mais un mode de vie et un principe d’action. Comme toi, je ne suis pas contre le Sénégal des immeubles, des bagnoles, des piscines olympiques et des Arenas, mais j’en appelle à plus de solidarité à l’endroit de ce  père de famille qui peine à nourrir ses enfants, de la femme enceinte et qui meurt en couche, par faute de suivi ou de moyens adéquats, de ce diplômé qui peuple ses journées entre la plage de NGOR et ses verres d’ataya, de ce jeune désœuvré qui rêve de L’Europe, au prix d’une embarcation de fortune et dont la Méditerranée devient le cimetière.

Comme toi, je rêve d’un Sénégal de vérité où l’on refuse que les uns partagent  le gâteau sur le dos des autres. Comme toi, je rêve d’un Sénégal où on refuse le deal, les dessous de tables, les calculs trop policés et politiciens. Comme toi, je rêve d’un Sénégal ou l’action prendrait la place de la parole, par moments, trop bavarde. Je rêve d’un Sénégal où les dirigeants et les dirigés seront tous  conscients, de cette grande vérité de l’histoire, qui voudrait que l’intérêt du pays  dépasse nos egos et nos querelles de clochers ou de partis. 

Comme toi, Maître, je rêve d’un Sénégal dont l’amour nous arracherait  des larmes. Sur la terre, tu étais avocat et  médiateur de République. Comme avocat tu as bu  la langue du  Droit, comme on  le ferait du lait maternel. Comme médiateur, tu étais un pont  entre les uns et les autres. Au crépuscule de ta vie, sur terre, que Dieu te pardonne tes fautes et te comble de la félicite céleste. De là où tu es maintenant, jette un regard de médiation sur ce pays dont tu as tant servi la cause. Adieu, Maitre ! Reçois, en hommage, le Merci sincère d’un de tes  compatriotes, vivant quelque part, sur la terre.

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