Hommage au Professeur Abdoulaye Dièye : (Par Ismaila Madior Fall)

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Avec un sens élevé des relations humaines, il était détenteur de la méthode pour être bien avec tout le monde. Il dédaignait les positions convoitées pour s’intéresser à celles qui n’avaient pas de preneur

Avec la disparition soudaine du professeur Abdoulaye Dièye, la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop vient de perdre un de ses éminents membres qui faisait l’unanimité.

Ayant cheminé avec lui pendant une trentaine d’années dans les équipes pédagogiques, le département de droit public, la Faculté et d’autres activités extra-universitaires, je voudrais, pour saluer, sa mémoire et lui rendre hommage, dire quelques mots sur l’homme (I) et l’universitaire (II).

L’homme

Notre collègue Abdoulaye Diéye, que ses proches appelaient affectueusement Pape, était pétri de qualités exceptionnelles dont je retiendrai l’humanité et l’urbanité. Il nourrissait un sentiment de bienveillance, de compassion envers autrui. D’une courtoisie exquise et d’une générosité connue de tous, Abdoulaye était toujours prêt à porter assistance, apporter aide et soutien. Il accueillait toute l’équipe pédagogique de droit constitutionnel chez lui pour les pré-délibérations, avec un « tiebou djeun » du standard saint-louisien. Sa maison était ouverte à tout le monde. On côtoie chez Pape, membres de la famille, amis, voisins…

Doté d’un savoir-vivre à nul égal, il savait identifier avec discrétion les situations où son apport s’avérait utile. Il était à la disposition exclusive de la Faculté et disponible pour les collègues et les étudiants. Avec un sens élevé des relations humaines, il était détenteur de la méthode pour être bien avec chacun et tout le monde. Dans ce monde, par essence controversé qu’est l’Université, il a su faire l’unanimité.

L’universitaire

L’universitaire a une double vocation : enseignant et chercheur. Souvent l’un l’emporte sur l’autre chez la plupart des universitaires. Abdoulaye Diéye a su concilier les deux et répondre à la double obligation : former pour l’Humanité et publier pour la carrière et la gloire scientifique.

Recruté en 1994 comme assistant, Abdoulaye Diéye était un enseignant compétent, dévoué à la tâche et maître dans la pédagogie. Il savait parler un langage accessible aux étudiants, recenser le matériau du cours approprié au niveau de ses apprenants. Sa manière d’évaluer les étudiants et le grand soin qu’il donnait aux examens exprimaient son sens élevé du devoir et de la déontologie. Cette grande maîtrise de la pédagogie innée, mais qui lui venait aussi de son passage au Lycée où il a enseigné, a fait sa réputation au niveau des jeunes enseignants à qui il donnait les ficelles pour bien débuter la carrière et les étudiants qui se bousculaient à ses séances de TD.

Il dédaignait les positions que tout le monde visait pour s’intéresser à celles qui n’avaient pas de preneur. C’est ainsi qu’il a assuré pendant de longues années la coordination de l’équipe pédagogique de droit constitutionnel dont l’enseignement était assuré par le professeur El Hadj Mbodj. Son office se caractérisait par la rigueur, la flexibilité, l’ouverture d’esprit, le travail bien fait. Il faisait partie des enseignants qui s’acquittent le plus consciencieusement de leur service. Toujours disponible pour servir, il a dispensé des enseignements dans la plupart des disciplines du droit public (droit administratif et droit constitutionnel) et à tous les niveaux : de la capacité au master. Un des rares qui s’apprêtait, avec le cours de droit administratif, à prendre sa retraite au premier cycle dans les amphithéâtres souvent désertés par les séniors. C’était un enseignant dans l’âme.

Le chercheur, rigoureux et persévérant qu’il a su être, a pu effectuer les publications requises pour accéder au grade de rang magistral. Auteur d’une thèse en droit foncier sénégalais, Diéye était un juriste ouvert sur toutes les disciplines. Ses travaux, patiemment réalisés, qui portent autant sur le droit administratif, que le droit constitutionnel ou le droit communautaire, lui ont ouvert les portes de la reconnaissance par les pairs et la communauté épistémique.

Après l’Université qu’il a servi avec dévouement et bravoure, le Professeur Abdoulaye Diéye a aussi été utile à la cité dans d’innombrables missions au service du pays dont je ne citerai que deux : les travaux de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) et ceux de la Commission nationale de réforme foncière (CNRF) dont il a été rapporteur. Il était un grand intellectuel qui savait travailler de concert avec d’autres ou assumer seul des positions dans des rubriques occasionnelles qu’il appelait : « ce que je pense ».

Cher Abdoulaye, tout, dans ton parcours de vie, indique que le Bon Dieu t’a accueilli dans son Paradis.

Que la terre de Ndar, que tu as tant aimée, te soit légère. 

EXCLUSIF SENEPLUS –

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