Coordinatrice de la plateforme Femmes DEBOUT/Riposte covid-19, Haoua Dia Thiam revient dans cet entretien qu’elle a accordé à votre site, jotalixibar sur la stratégie à adopter. L’ancien député qui souligne que rien n’a changé dans la mobilisation pour vaincre le coronavirus appelle les Sénégal à faire front commun avec un respect strict des consignes édictées par les autorités sanitaires. L’ancienne président de la commission santé de l’Assemblée nationale qui souligne qu’en assouplissant les restrictions, le chef de l’Etat nous invite à prendre nos responsabilités, promet que sa structure est plus que jamais engagée pour ce combat, notamment dans la sensibilisation et en faisant barrage contre les stigmatisations dont sont victimes les malades guéris du covid-19.
Jotalixibar : Comment appréciez-vous la décision du chef de l’Etat d’assouplir les restrictions dans le cadre de la lutte contre le coronavirus ?
Haoua Dia Thiam : Le président de la République nous demande de prendre nos responsabilités. Comme il l’a toujours fait. De toutes les façons, aujourd’hui, à part le réaménagement sur les horaires du couvre-feu, la réouverture des mosquées, le rapatriement des corps des personnes décédées à l’étranger, rien d’autre ne change. Les précautions, les mesures barrières restent les mêmes. On doit toujours être vigilants, se protéger, prendre soin de nos petites personnes, aujourd’hui, plus que jamais. Donc, je ne vois pas de grands changements. D’ailleurs, permettez-moi de saluer particulièrement cette décision de ramener les corps pour permettre aux populations de faire le deuil de leurs proches décédés. Donc, je ne vois pas vraiment de quoi changer d’attitudes. Au contraire ! On doit renforcer les mesures barrières, les intégrer dans notre quotidien parce qu’aujourd’hui, les Sénégalais se sont faits au port du masque. Tout le monde porte le masque dans les rues. Ce qu’il y a lieu maintenant de faire, c’est de sensibiliser par rapport au port du masque. Parce que vous voyez des gens qui portent des masques en les plaçant sur le front, sur le menton. Or, ce n’est pas là-bas la place du masque.
Jotalixibar : De quelle manière peut-on donc bien utiliser le masque alors ?
Haoua Dia Thiam : Il faut avoir le masque propre. Avec le travail de tailleurs qu’il faut saluer, nous pouvons nous procurer deux à trois masques qu’on doit laver régulièrement. Quand le masque est mouillé, il faut qu’on mette au moins quelque chose, une petite barrière, un mouchoir, un papier entre la bouche et le masque. Un masque propre vous protège et protège aussi celui qui est en face de vous. Un masque mouillé ou sale ne protège pas personne.
Jotalixibar : Sur quoi l’accent doit être aujourd’hui par rapport à cette lutte contre le coronavirus ?
Haoua Dia Thiam : Je crois que l’accent doit être mis sur la sensibilisation sur le port du masque, l’observation de la distanciation sociale aussi. Je trouve que c’est une bonne décision, qu’on prenne nos responsabilités. Aujourd’hui, nous devons tous savoir que le combat est communautaire, c’est entre nous. On ne peut pas mettre un policier derrière chaque Sénégalais. Ce n’est pas possible. On encourage encore le personnel médical qui fait de son mieux et qu’on doit aider. Si on ne l’aide pas, ça va être la catastrophe. Il faut qu’on soit davantage vigilants. C’est la lecture que nous en faisons. Et nous allons continuer notre distribution de masques en plus de ce que l’Etat va donner. Nous sommes aujourd’hui en partenariat avec Onu-Femmes qui nous a appuyées également pour les masques. Nous allons faire la distribution là où nous pensons que ça va être difficile. Nous avons déjà programmé de le faire la semaine prochaine vers Keur Massar ensuite, nous verrons d’autres zones où on pense renforcer les masques déjà existants.
Jotalixibar : C’est dire que votre stratégie ne change pas ?
Haoua Dia Thiam : Non ! La tactique ne peut pas changer : c’est les mesures barrières, c’est la prévention. Nous devons tout faire pour arrêter la propagation de ce virus. On ne doit pas dépasser le stade où nous sommes. Car, on n’a pas les moyens de pouvoir mettre tout le monde dans les hôpitaux. On ne le souhaite pas. Donc, c’est la prévention et l’encadrement aussi des malades guéris qui vaillent aujourd’hui.
Jotalixibar : Pourquoi devez-vous encadrer des personnes guéries?
Haoua Dia Thiam : On constate maintenant qu’il y a des malades guéris qui sont stigmatisés, qui ne veulent même plus retourner là où ils habitaient. Nous entendons encadrer le maximum de malades guéris pour qu’on puisse lutter contre la stigmatisation. Il ne faut pas qu’on stigmatise ceux qui ont déjà eu la maladie. Il faut qu’on comprenne que ça peut arriver à un parent et même à la personne qui stigmatise, d’ailleurs. Tout cela fait partie des stratégies qu’on met en place. On doit renforcer ce qu’on faisait et être vigilants, et protéger les gens surtout les personnes âgées.
Jotalixibar : Quel doit être alors le mot d’ordre ?
Haoua Dia Thiam : Nous appelons les populations à la prudence, au renforcement des mesures barrières, notamment la distanciation sociale, le port des masques propres. Aujourd’hui on dispose de masques lavables à 200 Fcfa. Quand on doit sortir, il faut porter un masque propre. Car, il vous protège et protège les personnes avec lesquelles vous êtes. Quand tout le monde porte un masque, la contagion est minorée. C’est la raison pour laquelle, comme toujours, nous lançons un appel à tout le monde, à tous les Sénégalais, les leaders d’opinion.
Avec la réouverture des mosquées, nous pensons, certainement, que les prêches des imams iront dans ce sens-là. D’ailleurs, il faudra, pour entrer dans les mosquées exiger le port de masques propres. On doit renforcer davantage la propreté, la distanciation sociale. Cette posture nous permet de pouvoir vivre correctement et d’être moins stressés. Maintenant qu’on connait les méfaits, qu’on sait ce qu’il faut faire, il faut les maîtriser en soi, et développer les automatismes. Donc, on lance un appel à tout le monde, aux leaders d’opinion, autour de soi surtout aux femmes. Nous avions mis l’accent sur les femmes, surtout celles qui sont à la maison, qui doivent éduquer leurs enfants, qui doivent leur donner les bonnes habitudes. Et une fois qu’on a les bonnes habitudes chez soi, les automatismes restent.
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