Fichier électoral : Les raisons du rejet de l’opposition

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En acceptant de collaborer à l’audit du fichier électoral et à l’évaluation du processus électoral  lancé depuis le 19 février 2021, l’opposition pensait participer à des opérations qui devaient  garantir des élections libres et transparentes. Car un processus électoral transparent, inclusif, qui sauvegarde l’essentiel des principes d’intégrité,  est le meilleur gage d’une paix civile parce que consolidant d’une véritable  démocratie électorale. Il faut rappeler que c’est depuis le jeudi 9 mai 2 020 et après deux ans de tensions et trois mois après le rejet des résultats par l’opposition  des résultats de l’élection présidentielle, que le Gouvernement a déclaré vouloir trouver un  consensus avec la classe politique autour des questions électorales. Avec le temps et le recul, on se rend compte que beaucoup de temps a été perdu et sur des questions qui à l’arrivée s’avèrent non  essentielles.

En dissipant la fumée épaisse de la démagogie et de la politique politicienne, il faut préciser qu’on apprécie essentiellement la fiabilité du fichier électoral à travers plusieurs paramètres opérationnels dont au moins  la complétude,  l’unicité, l’inclusivité, la représentation démographique et territoriale. Le fichier en cause est un fichier biométrique qui a coûté plusieurs milliards au contribuable sénégalais « avec capture des empreintes de dix doigts et de la photographie de l’électeur ». Sur plusieurs paramètres  audités, le rapport provisoire des experts soumis à la sagacité des plénipotentiaires du pôle de l’opposition a lui-même signalés des faiblesses et  insuffisances notoires qui a pris l’opposition à rebrousse-poil.  Dans la mesure où l’essentiel des données personnelles contenues dans le fichier biométrique sont déjà à la disposition du « camp de la majorité » à travers leurs programmes foireux de Bourses de sécurité familiale, agents de sécurité de proximité, financement  Der….L’opposition a toutes les raisons de poser des réserves expresses quant au cautionnement  du travail d’audit du fichier et du processus électoral. La problématique est juste ici une question de crédibilité et de confiance ! Ce qui faisait la force du « Code Kéba MBaye », c’est qu’il était consensuel. A écouter les thuriféraires du régime de Macky Sall qui passent leur temps à insulter les membres de l’opposition, il est légitime de se demander ce que cache cette brusque agitation. Si on avait demandé des experts indépendants, c’était pour que les sélectionnés soient des experts réellement indépendants, sauf s’ils  sont simplement   incompétents.                                                                                        Si entre le 25 février 2020 et le 25 février 2021,  579 706 cartes nationales d’identité avec données électorales ont été  produites en dehors des périodes légales, si 214 199 électeurs sont dans le fichier sans empreintes digitales ou des empreintes non exploitables, cela s’appelle de la fraude.                                                                        

Lorsque 43 %  des jeunes  de 18 à 25 ans, ne disposent pas de cartes d’identité donc  ne sont pas dans le fichier électoral à cause des blocages systématiques du Ministère de l’intérieur, cela s’appelle aussi de la fraude. Lorsque  également le Ministre de l’intérieur dispose du droit d’apposer la mention « ne peut pas voter » sur une carte d’électeur, personne ne peut nous dire que le système électoral sénégalais garantit la transparence et l’équité. Macky Sall et sa coterie cherchent par tous les moyens à asseoir les bases d’un hypothétique troisième mandat. Il faut qu’ils comprennent et définitivement que la cause est déjà entendue.

Sheikh Mamadou Dieng

Président de Ëlëg Sibiir

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