Objet : Lettre ouverte
Monsieur le Premier Secrétaire,
Appréciant la situation politique du Sénégal, à travers un Tweet, vous avez, de manière délibérée et péremptoire, soutenu, sans aucune réserve que « la démocratie est piétinée. La liberté de manifester est entravée. La justice est instrumentalisée… »
Au demeurant, l’histoire retiendra déjà que, pour la première fois, un Premier secrétaire du Parti socialiste français, mû pas des intérêts inavoués mais connus, s’attaque à un pays ami dirigé par une coalition, Benno Bokk Yaakar, dont est partie prenante, le Parti socialiste du Sénégal.
Pour notre part, nous vous exprimons notre désolation et notre profonde déception face à cette attitude, pour le moins paternaliste et, à la limite, inélégante, d’un camarade socialiste qui a ainsi préféré tordre le cou aux principes et valeurs de solidarité du socialisme, sur l’autel de ses amitiés politiques personnelles.
Et pourtant, quand vos mêmes amis de l’opposition, regroupés au sein de la coalition « YEWI », appellent à l’insurrection, s’en prennent aux biens publics et privés, au cours de leurs différentes manifestations, portent atteinte aux Institutions de la République ou opposent, à la logique des arguments, celle de la violence physique et verbale, à l’origine de plusieurs morts, en mars 2021 et en juin 2022, vous marquez curieusement une totale indifférence.
Aujourd’hui, il est indéniable que le Sénégal offre l’image d’une démocfätie exemplaire dont les règles de fonctionnement sont consensuelles ; il est l’une des dernières fortifications démocratiques et institutionnelles crédibles, en Afrique subsaharienne.
Bien que la liberté de manifestation soit consacrée par la constitution du Sénégal, son exercice est encadré par la loi et les règlements, comme partout ailleurs, dans le monde ; celle-ci, faut-il, le souligner, n’est pas au-dessus de la liberté qu’on les autres citoyens, d’aller et de venir, en toute sécurité et sans entrave.
La sauvegarde et la protection d’un tel équilibre, indispensable pour un exercice normal de la démocratie, sont de la responsabilité exclusive de l’Etat du Sénégal qui l’exerce sans faiblesse, en toutes circonstances.
En outre, dans quel pays du monde les hommes politiques seraient-ils audessus des lois ? Dites-nous, combien d’hommes politiques français ont eu maille à partir avec la justice ? Pensez-vous, pour autant, que la Justice française soit instrumentalisée ?
Pourquoi croyez-vous qu’il devrait en être autrement au Sénégal, au point que vous preniez la défense de ceux qui insultent la plus haute Institution du pays, s’en prennent ouvertement à l’Institution judiciaire et menacent de mettre le feu dans le pays, s’ils ne participent pas aux élections législatives, du 31 juillet 2022.
Notre conviction est faite, une démocratie, en Afrique surtout, doit être garante de la paix sociale, du débat sur les politiques et ne jamais inciter à la violence et au soulèvement populaire.
La manipulation de la jeunesse et le non-respect des institutions, qui sont l’apanage de l’opposition sénégalaise, fragilisent la République et la démocratie.
Les y soutenir apparait comme une déstabilisation !
Notre justice, Monsieur FAURE, que vous insultez allégrement n’est pas instrumentalisée. Ça, c’est l’opposition qui le dit, après avoir créé ses propres turpitudes. La justice sénégalaise est compétente, sérieuse, libre de ses décisions et applique les lois et règlements partout.
Pour les faits, une liste de candidats aux élections législatives du 31 juillet 2022 a été invalidée pour Yewi Askan Wi (Opposition) et une autre, pour Benno Bokk
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Yaakaar (pouvoir) ; ce que tout le monde avait accepté au départ, avant que la politique politicienne ne reprenne le dessus.
Monsieur le Premier Secrétaire,
Si nous avons tenu, à travers cette lettre ouverte, à vous exprimer notre sentiment de profonde déception, à la suite de votre attitude inamicale, c’est surtout en raison des idéaux que nous avons en partage.
De grands camarades tels que François Mitterrand, Pierre MAUROY, Lionel JOSPIN, Michel ROCARD, François HOLLANDE, entre autres, n’auraient jamais exprimé des propos aussi partisans, sans, avec respect et solidarité, se renseigner auprès de leurs camarades du Parti socialiste du Sénégal, sur la situation réelle et ses excroissances, dans la vie de la nation africaine qui pratique des élections depuis 1848 et qui a connu deux alternances politiques fort remarquables !
En outre, depuis 1976, date de l’adhésion du Parti socialiste, premier parti africain, à l’Internationale Socialiste, la collaboration sur les dossiers importants, en Afrique singulièrement, dans l’amitié et dans la solidarité avec le Président Senghor, avec le Président Abdou DIOUF, avec le Président Ousmane Tanor DIENG, a cimenté notre action commune, pour la poussée des régimes démocratiques en Afrique, au sein du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste.
Manifestement, vous défendez d’autres causes et vous soutenez d’autres choix ou actions très éloignés de ceux sus évoqués et de la réalité du Sénégal d’aujourd’hui.
Le Sénégal n’est pas une République bananière, Mr FAURE !
Repassez par le pays, échangez avec vos amis français vivant parmi nous, discutez avec vos amis socialistes de toujours et vous changerez, nous le croyons bien, vos idées et vos positions bien négatives sur ce Sénégal en net progrès et où il fait, au fond, politiquement et culturellement bon vivre !
Sentiments socialistes.
Fait à Dakar le 28 juin 2022
Le Parti socialiste du Sénégal
Membre de l’Internationale socialiste
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