États-Unis: Kevin McCarthy élu président de la Chambre des représentants après un blocage sans précédent

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Kevin McCathy a finalement été élu président de la Chambre des représentants. Après quatre jours de blocage sans précédent, et quinze tours de scrutin, le candidat républicain a fini par obtenir la majorité des voix nécessaires. Dans la nuit de vendredi un peu après minuit, McCarthy a remporté au 15e tour l’élection par 216 voix, soit tout juste la majorité, contre 212 pour le candidat démocrate Hakeem Jeffries, et 6 «présents», élus qui ne sont pas prononcés. Le président démocrate Joe Biden l’a félicité dans la foulée, l’appelant à «gouverner de manière responsable et dans l’intérêt des Américains».

Les dernières heures ont été particulièrement tendues au sein du parti républicain. Au 14e tour, McCarthy était sur le point d’être élu, quand il a été empêché par la défection de Matt Gaetz, élu de Floride et l’un de ses opposants les plus obstinés. Un élu de l’Alabama, Mike Rogers, a failli en venir aux mains avec Gaetz avant d’être empêché par un collègue. «Restez civilisés !», a crié quelqu’un. L’ancien président Donald Trump aurait finalement passé un appel à Gaetz pour le convaincre de laisser le scrutin se poursuivre et élire McCarthy.

«Les vingt talibans»

Ces opposants républicains, pour la plupart membres du Freedom Caucus (le groupe de la Liberté), ont bloqué son élection pendant quatre jours. Leur obstruction leur a valu d’être surnommés «les vingt talibans», ou le Chaos Caucus. Ce blocage était sans précédent depuis le XIXe siècle, signe de la profondeur des divisions au sein du groupe républicain.

Dès jeudi, McCarthy avait accepté la plupart de leurs revendications, notamment un changement de règles qui permettrait à un seul élu d’appeler à un vote de défiance pour évincer un président en exercice. Il aurait également accepté de permettre à un plus grand nombre de membres du Freedom Caucus de siéger au sein de la puissante commission du règlement de la Chambre, qui détermine si et comment les projets de loi sont soumis au vote. Il a aussi accepté de voter sur des projets de loi prioritaires pour eux, notamment la proposition de limiter la durée du mandat des membres et un plan de sécurité à la frontière. Mais ses adversaires ont continué obstinément à s’opposer à son élection.

Un accord avait commencé à se dessiner vendredi après d’intenses négociations. Pour le premier vote, en début d’après-midi, McCarthy avait réussi à obtenir le ralliement de quatorze des vingt élus républicains qui s’opposaient à son élection. Mais sept refusaient encore de voter pour lui, dont Matt Gaetz, et Lauren Boebert, du Colorado.

Ils ont fini par accepter l’élection de McCarthy, et mis fin au blocage. La Chambre va dorénavant pouvoir siéger normalement, les nouveaux élus prêter serment, et les membres des diverses commissions parlementaires être désignés. Mais la crise aura certainement des conséquences. La victoire de McCarthy lui a coûté très cher. Les concessions qu’il a dû faire pour être élu vident son poste de président d’une grande partie de ses pouvoirs, et le placent en situation de quasi-dépendance envers un petit groupe d’élus plus habitués à la surenchère qu’au compromis.

Anniversaire de l’assaut du Capitole

Par un hasard du calendrier, l’élection du nouveau président de la Chambre intervient presque deux ans jour pour jour après l’émeute du 6 janvier, quand une foule avait tenté à l’instigation de Donald Trump d’empêcher la certification de l’élection de Joe Biden en prenant d’assaut le Capitole. À l’époque, plus de la moitié des parlementaires républicains avaient refusé de certifier les résultats de certains États clef. Beaucoup des frondeurs qui s’opposaient ces derniers jours à l’élection de McCarthy avaient été alors directement impliqués dans ce coup de force. McCarthy lui-même, qui avait dans les jours suivants condamné Donald Trump, était allé faire allégeance à l’ancien président quelques semaines plus tard à Mar-a-Lago.

Deux ans plus tard, à la tête d’une courte majorité républicaine, McCarthy prend la tête de la chambre basse du Congrès, le Sénat restant sous le contrôle des démocrates. Mais sa majorité risque d’être difficile à diriger, et McCarthy aura sans doute à faire face à des moments difficiles.

Le vote de la hausse du plafond de la dette, indispensable dans les prochains mois pour éviter que l’État fédéral se retrouve en cessation de paiement, ou bien le budget d’aide à l’Ukraine, pourraient notamment mettre à l’épreuve la fragile unité du groupe républicain.

Le Figaro

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