La justice n’est-elle jamais qu’humaine, si l’on conçoit que Dieu, et à supposer même qu’Il ne soit qu’un concept, est Justice ? Qu’Il n’est pas la justice, mais Justice ?
En tout cas, l’histoire témoigne que, dans l’histoire de l’humanité, des procès d’animaux ont eu lieu entre 1120 pour le premier à Laon, en France, et 1846 pour le dernier à Pleternica, en Slavonie. Michel Onfray nous apprend en l’occurrence que le premier procès concerne des mulots et des chenilles, et le dernier un cochon.
Le philosophe nous apprend également que le pouvoir religieux de l’époque est partie prenante de cette justice des hommes contre des animaux, tandis que les sentences alors prononcées, qui vont de la relaxe ou de l’acquittement à l’excommunication ou à la peine de mort par pendaison, ont pour fonction, entre autres, d’humaniser les animaux. Mais aussi, peut-on ajouter, d’animaliser les hommes.
Peut-être ce que nous appelons de nos jours ‘‘parodie de justice’’ trouve-t-il quelque racine historique dans cet intervalle de l’ère et de la culture judéo-chrétiennes.
Quoi qu’il en soit, les animaux ainsi attraits à la barre ne parlent pas, et n’en sont pas conscients. Ils ne sont même pas au courant de leurs forfaits. D’ailleurs, ces derniers en sont-ils ? Ils ne se défendent pas, non plus, même si des avocats commis d’office s’en chargent ; des avocats, faut-il le souligner, bien humains.
Or, le procès de douze éléments répondant de Salif Sadio, le 11 juillet 2019, est un procès d’humains, tout humains qu’ils sont, mais un procès de « non-Républicains », sous la férule de la justice de la République, et donc des hommes, contre des hommes.
Si les douze prévenus sont déclarés non-Républicains, ou simplement réputés tels, il n’en demeure pas moins que, lors du procès, ils ont fait valoir leurs droits, mais tous leurs droits que leur confère la République.
Ce faisant, il faut croire qu’ils ont dû accepter, de manière républicaine, la sentence qui leur est servie au terme du procès, qui écopant de six mois de prison dont un mois ferme, qui de six mois dont quinze jours fermes. Leur tort ? C’est de s’être foutus dans un foutoir antirépublicain.
En cela, aussi, il faut admettre que Salif Sadio est sorti de la clandestinité, et qu’il entend ainsi poursuivre sa lutte et promouvoir son nationalisme ou son indépendantisme dans le contexte même de la République, avec ses lois et règlements et autres contraintes du moment.
Donc, exeunt la rancœur et la rancune, la haine et la peur. Exit l’esprit de vengeance. Et place à l’esprit de dépassement.
C’est à cela, du moins, que nous exhortons, avec fraternité et amitié, nos frères et sœurs de la faction MFDC de Salif Sadio. Autant, du reste, que toutes les autres factions du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance, sans exclusive aucune.
Oui ! cher(e)s frères et sœurs du MFDC, et cher(e)s ami(e)s, venez, retrouvons-nous, oui ! retrouvons-nous, et faisons La Politique, pour le seul bénéfice de la Casamance.
Dakar, le 26 juillet 2019.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
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