En Equateur, un journaliste propulsé dans la course à la présidentielle pour remplacer le candidat assassiné

Partager l'article

Christian Zurita a été désigné pour représenter le parti centriste Construye à l’élection dont le premier tour se tiendra le 20 août.

A six jours du vote à la présidentielle en Equateur, le parti Construye (centriste) du candidat Fernando Villavicencio assassiné la semaine dernière s’est trouvé un remplaçant. Le journaliste Christian Zurita a été désigné pour mener la bataille dans une élection marquée par la lutte contre la criminalité et le trafic de drogues.

M. Villavicencio, qui était lui-même un journaliste de 59 ans, parti en croisade contre la corruption dans son pays, était en deuxième position dans les enquêtes sur les intentions de vote à la présidentielle, quand il a été tué par balle le 9 août alors qu’il quittait une réunion électorale dans la capitale, Quito.

Si sa candidature doit encore être validée par le Conseil national électoral (CNE), Christian Zurita a d’ores et déjà fait savoir qu’il suivrait intégralement le projet politique de son ami défunt. Samedi, le parti avait choisi dans un premier temps l’écologiste Andrea Gonzalez, candidate à la vice-présidence au côté de M. Villavicencio, mais il est revenu sur sa décision, de peur que les règles électorales n’invalident sa candidature.

Il existe une incertitude sur le fait de savoir si Andrea Gonzalez pouvait passer de candidate à la vice-présidence à candidate au poste suprême. Dans le doute, et faute de réponse du CNE dans le délai imparti, le parti a choisi de présenter M. Zurita.

Six Colombiens arrêtés

Depuis l’ouverture de l’enquête sur l’assassinat du candidat, six Colombiens ont été arrêtés. Lors d’une nouvelle conférence de presse dimanche, le commandant de la police, le général Fausto Salinas, a précisé que les personnes arrêtées ont de lourds casiers judiciaires, qu’ils ont commis une « infinité de crimes » liés aux trafics d’armes et de drogue, enlèvements et vols.

Le ministre de l’intérieur Juan Zapata a, lui, assuré que les enquêteurs poursuivent leurs recherches pour retrouver le commanditaire. Situé entre la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs de cocaïne au monde, l’Equateur est confronté à une inquiétante hausse du trafic de drogue et de la violence des gangs.

Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
En 2021, le pays a saisi un record de 210 tonnes de stupéfiants et 201 tonnes l’année suivante. L’Equateur a vu en 2022 le taux d’homicides presque doubler par rapport à l’année précédente, s’établissant à 26 pour 100 000 habitants.

Dans ce contexte, la question de la criminalité et de la lutte contre le trafic des drogues s’est invitée dimanche lors du débat entre les sept candidats à l’élection présidentielle, qui a débuté après une minute de silence à la mémoire du centriste Fernando Villavicencio.

Pour marquer l’absence du candidat assassiné, une chaise vide a été placée sur le plateau télévisé, où le dispositif de sécurité a été renforcé. Le candidat de droite Daniel Noboa portait un gilet pare-balles, tandis que l’avocat indigène Yaku Pérez, candidat de gauche, exhibait un ruban noir sur sa poitrine.

Campagne contre la criminalité

« Nous allons construire ce nouveau pénitencier sur la côte en toute sécurité pour le retirer du centre urbain de Guayaquil », l’une des villes les plus violentes du pays, a déclaré la candidate Luisa Gonzalez, proche de l’ancien président de gauche Rafael Correa (2007-2017). Le grand complexe pénitentiaire de Guayaquil (Sud-Ouest) a été le théâtre des pires massacres carcéraux du pays. Depuis février 2021, plus de 430 prisonniers ont été tués dans la guerre que se livrent les gangs pour dominer le trafic de drogue.

De son côté, l’ancien vice-président Otto Sonnenholzner (droite) a proposé de restreindre l’entrée des étrangers « avec un passé judiciaire » en Equateur. Selon Jan Topic (droite), ancien membre de la Légion française, la clé de la lutte contre la criminalité serait « d’équiper et de former nos forces de l’ordre et d’intégrer toutes les sources de renseignement pour découvrir comment l’argent sale des trafiquants de drogue et les gens corrompus se déplacent ».

Pour limiter le trafic de drogue, Xavier Hervas (centre droit) a proposé de « militariser les ports maritimes et les aéroports internationaux » pour dissuader les cartels de faire transiter par l’Equateur les cargaisons à destination des Etats-Unis et de l’Europe. Yaku Pérez préconise des patrouilles de la force publique et la présence « d’enseignants et de médecins » auprès des populations les plus touchées par la violence.

Le Monde avec AFP

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*