Emmanuel Macron à l’épreuve de la majorité relative

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Après le second tour des législatives, le quinquennat d’Emmanuel Macron change totalement de physionomie. Le président n’a pas obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale. La Nupes devient la première force d’opposition parlementaire, le Rassemblement national atteint un score inédit et Les Républicains limitent la casse. Le président de la République va devoir faire des compromis pour gouverner. Emmanuel Macron rentre dans une zone de turbulences inédite.

Le second quinquennat d’Emmanuel Macron commence véritablement maintenant et s’annonce difficile. Certes, Ensemble !, la coalition qui regroupe La République en Marche, le Modem de François Bayrou et Horizon d’Édouard Philippe, arrive en tête mais elle n’a pas les moyens de gouverner seule, car son score de 245 sièges la place très loin de la majorité absolue. En moins de deux mois, Emmanuel Macron a réussi à être le premier président réélu hors cohabitation et celui auquel les Français n’auront pas donné les moyens de gouverner.

Ce résultat représente un véritable revers pour Emmanuel Macron qui avait tenté de peser dans la bataille de l’entre-deux-tours en appelant les Français à lui donner une « majorité solide ». Certains de ses proches et soutiens de la première heure comme Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale sortante ou Christophe Castaner, le patron du groupe En Marche mais aussi des ministres, Amélie de Montchalin, Brigitte Bourguignon et Justine Benin sont battus. Ces trois dernières vont donc devoir démissionner de leurs fonctions ministérielles.

« Construire une majorité d’action »

Pour gouverner, Emmanuel Macron va donc devoir composer et trouver des alliances pour faire passer ses réformes. La Première ministre Elisabeth Borne, qui a réussi à se faire élire dans le Calvados, a pris acte dimanche soir de cette situation « inédite » et affirmé qu’il fallait « construire une majorité d’action », autrement dit réaliser des compromis. Avec qui ? Vraisemblablement d’abord avec Les Républicains, qui après le désastre de la présidentielle ont réussi à conserver un groupe de 61 députés.

Un accord de gouvernement est-il envisageable avec le parti présidentiel qui a déjà largement pillé dans leurs rangs durant le quinquennat précédent ? Certains le réclament à droite mais le patron des LR, Christian Jacob, a semblé fermer la porte en affirmant que le groupe resterait dans « l’opposition ».

Avis de tempête sur le quinquennat

Le désaveu des Français est d’autant plus significatif pour Emmanuel Macron que ces législatives requinquent la gauche qu’il avait cru enterrer après 2017 et en même temps consacrent l’ancrage du Rassemblement national face auquel il voulait être un rempart. La Nupes, alliance électorale autour de Jean-Luc Mélenchon, devient la première force d’opposition dans l’hémicycle. Et le RN brise le plafond de verre parlementaire en réussissant à obtenir plus de députés qu’il n’en jamais eu. Une situation qui donne à l’Assemblée une physionomie inédite et promet des débats houleux au cours desquels la majorité sera sous pression.

Le second mandat d’Emmanuel Macron ne va donc pas ressembler au premier. Exit la présidence jupitérienne dans le confort d’une majorité absolue. Les résultats de dimanche sonnent comme un avis de tempête sur le quinquennat. Emmanuel Macron va devoir en tirer les enseignements avec la formation d’un nouveau gouvernement. La question est de savoir comment le président va prendre en compte cette configuration politique dans le remaniement qui doit avoir lieu et s’il pourra maintenir Elisabeth Borne Première ministre ?

Rfi

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