Elections régionales en France de juin 2021 : Quelle lecture de la débâcle du « Social-libéralisme » et de l’Extrême Droite ?

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Au contraire de tous les politologues et sondages qui prédisaient, à l’unisson, une consolidation des rapports de force politique autour du « Socialisme-libéral » incarné par « La République En Marche » (LREM), au pouvoir, et « l’extrême Droite » incarnée par le « Rassemblement National » (RN), dans l’opposition, les résultats des élections régionales en France, ont dérouté le monde entier, comme cela fut le cas, aux Etats Unis, entre Trump et Hilary Clinton.
Non seulement à cause de l’abstention massive historique, notamment de l’électorat de la Gauche traditionnelle, mais principalemen,t de la montée en puissance de la « Droite Républicaine extrême droitisée », et des « Ecologistes de Gauche ».
En effet, « l’extrême droitisation » précoce de la « Droite Républicaine », a pris le dessus sur « l’extrême droitisation » tardive du « Socialisme -libéral », qui rivalisaient pour la conquête de l’électorat de « l’extrême droite », afin de freiner sa montée en puissance, en perspective de la Présidentielle de 2022.
Les électeurs qui se sont rendus aux urnes ont exprimé leur préférence à la « Droite Républicaine extrême droitisée» et aux « Ecologistes de Gauche », tout en marginalisant le « Parti Socialiste » malgré sa résistance dans certaines régions, la « Gauche radicale » incarnée par la « France insoumise », et le « Parti Communiste Français » malgré son clin d’œil tardif à l’électorat d’extrême droite, avec son soutien déroutant aux thèses de la « Droite » et de « l’Extrême Droite », sur la défense de l’aggravation des peines contre les violences sur les Forces de l’ordre, en oubliant d’en exiger autant contre celles qu’elles exercent sur les populations.
La Gauche française dans son ensemble, vient de payer, dans ses luttes, contre le Capitalisme, sa prise de conscience tardive des dégâts énormes qu’il a portés sur l’environnement, qui étaient, dès le début, pris en charge par le mouvement écologiste.
Cependant, ce mouvement luttait, à ses débuts, contre les effets néfastes sur l’environnement du mode de production capitaliste, sans le remettre en cause fondamentalement, et avait ainsi suscité la méfiance de la Gauche, qui y voyait un moyen de divertir les travailleurs et les couches populaires, de leurs luttes pour « humaniser » ou « mettre fin » à ce système inouï d’exploitation de l’Homme par l’Homme, de domination et de spoliation du travail et des ressources des peuples que menaient les pays à peine sortis du colonialisme.
C’est ainsi que la défense de la souveraineté des peuples n’était plus seulement un combat des peuples anciennement colonisés, mais aussi, devenait de plus en plus un combat dans les pays des grandes puissances occidentales.
C’est ce besoin de souveraineté de ces peuples non pris en charge par la Gauche, qui a fait naître en Europe occidentale, un mouvement « souverainiste d’extrême droite ».
C’est avec la tenue de COP 21 à Paris et la participation du Gouvernement américain sous le règne du Parti Démocrate avec OBAMA comme Président de la République, que la Gauche a commencé à prendre en charge la lutte contre le dérèglement climatique, comme partie intégrante de sa lutte pour réformer ou en finir avec le Capitalisme.
C’est ainsi que dans le mouvement écologiste s’est créée une « Gauche », dans laquelle, le peuple Français et de plus en plus d’européens, se reconnaissaient au fur et à mesure, que les Etats, dirigés en Occident par des sociaux-démocrates, se sont avérés incapables de lutter contre les Multinationales des énergies fossiles et de la biotechnologie dans la santé et dans l’alimentation humaines et animales.
C’est ce processus qui explique la montée en puissance, dans le champ politique, des « écologistes de Gauche », qui donnent aux travailleurs et autres couches moyennes, l’espoir de sortir du mode de production capitaliste, qui détruit, sous leurs yeux, les forêts, épuise les ressources du sous-sol et les ressources halieutiques, pollue l’atmosphère et les mers, et met ainsi en cause l’existence même de l’Homme sur Terre.
La déconnection de ce mouvement planétaire de lutte contre les multinationales des énergies fossiles et de la biotechnologie, du mouvement ouvrier, tant au plan national qu’international, a limité l’efficacité de la lutte contre le mode de production capitaliste, et qui a donné le sentiment de son invincibilité, malgré sa profonde crise qui sape ses fondements de classe, chaque jour davantage.
C’est dans ce contexte que la révolution scientifique et technologique de la fin du XXème siècle, a produit une nouvelle forme de centralisation et de concentration du Capital, avec la naissance de multinationales dans le Digital, qui reposent sur l’accaparement des « Données » des entreprises et des personnes, pour bâtir leurs fortunes, et qui cherchent à prendre ainsi leur contrôle et celui des Etats dans le monde entier.
C’est ce tournant du mode de production capitaliste qui ajoute à la destruction de l’environnement par les multinationales des énergies fossiles et de la biotechnologie, celle du « Travail vivant » au profit du « Travail fossilisé », pour déshumaniser le Travail, réduire l’homme, par un chômage massif, à l’oisiveté et au vice, et reproduit la confiscation de la souveraineté des peuples au plan mondial.
A cette fin, elles ont recours à la robotique, au « clonage » du végétal, pour s’attaquer ensuite, à « l’humain », à « l’intelligence artificielle », et aujourd’hui au « Télétravail ».
L’appropriation privée de ces nouvelles technologies qui sont protégées par leur « brevetage », transforme les multinationales du Digital, en « monstre froid » pour broyer la « famille » qui est la source naturelle de la procréation, afin de fabriquer un nouveau type de « citoyen mondial sans identité ni culture nationale », comme moyen de sauvegarde du mode de production capitaliste qui détruit ainsi son « fossoyeur naturel », qui est la « Classe ouvrière » à la tête du « Prolétariat ».
Ce tournant dans l’évolution historique du développement du mode de production du Capitalisme a échappé à la Gauche dans les pays du Capitalisme développé comme dans ceux en développement, qui continue à consacrer ses luttes contre la domination des multinationales des énergies fossiles et de la biotechnologie, en sous estimant l’accentuation du caractère impérialiste du Capitalisme sous la domination des multinationales du Digital, le besoin accentué de souveraineté des peuples, et les raisons de son immixtion dans la lutte contre le réchauffement climatique.
En effet, elles sont rentrées dans la défense de l’écologie dans le cadre de leurs luttes pour la prise de contrôle des « Données » des multinationales des énergies fossiles et de la biotechnologie qui contrôlaient les Etats du monde entier, y compris les Etats Unis, jusqu’à l’arrivée d’OBAMA au pouvoir.
Aux Etats Unis, c’est pour la défense des multinationales des énergies fossiles et de la souveraineté du peuple américain, que Trump a conquis le pouvoir des mains du Parti Démocrate qui protégeait, sous d’OBAMA, les multinationales du Digital.
Alors qu’en France, le besoin de souveraineté de ce peuple continuait d’être pris en charge par l’extrême Droite, qui parvenait à attirer sur ce terrain, la Droite républicaine, et plus tard, le « Socialisme -libéral » porté par LREM de Macron au pouvoir, tandis que le PS et le PCF continuaient à chercher à reconquérir leurs bases sociales siphonnées par le RN, et la « Gauche écologiste » sa lutte contre les multinationales des énergies fossiles et de la biotechnologie, pour défendre les populations des effets sur la santé, de l’aggravation de la destruction de l’environnement.
Ce sont ces mutations dans les rapports de force politiques en France qui se sont traduites par les résultats des élections régionales de Juin 2021, qui a vu l’écrasante majorité des électeurs bouder les urnes au détriment du Parti Socialiste, de la « Gauche insoumise », et du PCF, avec le plébiscite de la « Droite Républicaine extrême droitisée », et la « Gauche écologiste », devant la déroute historique du RN et de LREM.
Le peuple Français envoie ainsi un signal fort à la Gauche française pour qu’elle se retrouve autour de la lutte contre les multinationales, pour le recouvrement de sa souveraineté internationale, la fin de l’appropriation privée des énergies fossiles, de la biotechnologie, et du Digital, et des guerres impérialistes sous prétexte de luttes contre le djihadisme, pour édifier un « Capitalisme d’Etat », en mesure de réduire significativement la dégradation de l’environnement, les inégalités sociales, et l’insécurité engendrées et entretenues par la crise actuelle du mode de production du Capitalisme libéral.
Sans ce sursaut patriotique, internationaliste et de classe en perspective de la Présidentielle de 2022, la Gauche française va tout droit à la relégation à la périphérie de la vie politique en France, pour enfermer son peuple dans la reproduction du clivage « Front Républicain/Extrême Droite », inaugurée par le Président Chirac et le Président Lepen du Front National, pour la survie du mode de production capitaliste.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 1er juillet 2021

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