“Ce qui est bon pour l’entreprise est bon pour le Sénégal”
Baydi Agne Président du CNP
Par Mamadou Lamine DIATTA
Trois mois après l’arrivée d’un nouveau pouvoir au Sénégal, la crise du pain a été évitée de justesse suite à un bras de fer contre-productif entre le gouvernement et les 7 meuniers du pays ( Grands moulins, Nma Sanders, Sedima, Olam, Mds, Basmala, Fks).La moralité à tirer de ce conflit rapidement circonscrit, c’est que les Sénégalais savent faire preuve de dépassement dès qu’ils parviennent à comprendre les contours et les enjeux d’un dossier aussi alambiqué qu’il soit.Les acteurs de cette mini crise ont bien assimilé cette célèbre réflexion de Victor HUGO : ” La République affirme le droit et impose le devoir “.
C’est vrai que les meuniers sont finalement revenus sur leur décision de ne plus produire encore moins vendre de la farine de blé mais il faut éviter de faire dans la raillerie en soutenant que les industriels ont abdiqué en essuyant une quelconque défaite.Les mots ont leur sens.Il n’ya ni victoire de l’administration de l’industrie encore moins une déconvenue des industriels.
Mais il ya sûrement un certain ressentiment du côté de ces acteurs du très stratégique secteur secondaire.Par la faute de quelques représentants de l’Etat ( ministère du commerce)ayant fait dans la menace…Des fritures sur la ligne du narratif communicationnel de l’Etat…
Il faut reconnaître que ce nouveau gouvernement est courageux et prend des initiatives hardies mais ça ne sert à rien de proférer des menaces à l’encontre des meuniers.C’était le même cas de figure contre les médias sur la violente et récente polémique autour de la dette fiscale.
Le style c’est l’homme et les nouvelles figures qui incarnent l’Etat du Sénégal ont le sang chaud. Ces hauts responsables sont relativement jeunes et dynamiques.
Un peu sanguins sur les bords avec des idées généreuses.
Ils veulent visiblement prouver leur compétence et marquer leur territoire hic et nunc…Mais tout devrait se faire dans la sérénité.Il faut donc éviter les bravades d’autant que les meuniers ne sont rien d’autre que des partenaires d’égale dignité.Surtout dans un pays au tissu industriel rachitique suite à la mort quasiment actée de plusieurs filières industrielles comme le textile.Mieux, le secteur privé tire la croissance de ce pays pauvre en créant des milliers d’emplois et de la valeur ajoutée.Autrement dit,la puissance publique devrait fournir d’immenses efforts dans le domaine stratégique de la communication de crise car gouverner c’est protéger tous les 18 millions de Sénégalais.
Protéger les consommateurs oui mais aussi protéger l’entreprise dans sa dimension holistique. La récente communication à l’encontre des meuniers a maladroitement présenté ces acteurs comme des hors-la loi auteurs de fausses déclarations sur les réalités de la chaîne de valeur et des coûts de production.Ce qui n’est pas tout à fait cela.
Il faut saluer à sa juste valeur la médiation discrète réussie par Baydi Agne le Président du Conseil national du patronat ( CNP) et Ousmane Mbaye Président du syndicat professionnel des industries du Sénégal (SPIDS) par ailleurs Boss de Dangote Sénégal.
Ce qui rehausse davantage l’image d’une organisation faîtière comme le CNP qui tient ce jeudi et vendredi au King Fahd Palace les assises de l’entreprise.
À défaut du Chef de l’Etat sans doute pris par ses innombrables engagements nationaux et internationaux, le Premier ministre Ousmane Sonko chef du gouvernement aurait dû assister à ces échanges de très haut niveau sur le devenir de l’entreprise au Sénégal.
Plus de 5000 chefs d’entreprises du Sénégal d’Afrique et du monde assistent à l’événement.
L’État devrait se pencher sérieusement sur les conclusions des assises du “parti de l’entreprise”.
Cela dit, il faut avoir la lucidité et l’honnêteté de saluer la vision des nouvelles autorités à démanteler toutes les niches de corruption et autres activités illicites de lobbies économiques tapies dans l’ombre qui tiraient jusque- là les ficelles sur les chaînes de valeur en contribuant par ricochet au renchérissement des prix des denrées de consommation courante.
La crise de la farine de blé tuée dans l’œuf met également en lumière toute la pertinence de regrouper l’industrie et le commerce dans un même département ministériel.Cette idée géniale permet une meilleure régulation de même que la correction des distorsions pour rendre accessibles les produits de grande consommation.
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