Le dimanche 8 janvier 2023 fut une journée noire. Tristesse, douleur, consternation. Le choc fut violent et le bilan lourd. 39 morts sur le coup, plus de 90 blessés. Un deuil de trois jours décrété et un temps gris. Nuages sous le soleil. Pas de lumière.
Une absence de lumière qui malheureusement continuera d’être le lugubre compagnon de tous les drames et scandales vécus par la nation sénégalaise. Un peuple émotif au civisme en toc et au patriotisme en mode tic-tac. Un éphémère sursaut patriotique nous anime le temps d’un deuil national. Le deuil passé, nous faisons le deuil de toutes les mesures prises censées nous épargner d’autres deuils. Hélas ! C’est un éternel recommencement. « Tolérance zéro », « Force restera à la loi », « La loi sera appliquée dans toute sa rigueur », « Introspection », « Plus jamais ça ! », « Justice sera rendue »… Des leitmotivs lancinants déclamés tous les ans et sans résultats. Du coup, ça devient lassant et banal, sans effet sur la conscience collective.
Cet éternel recommencement, devenu la marque de fabrique des gouvernements successifs du Sénégal, a conduit l’actuelle équipe gouvernementale à prendre, en grande pompe, une vingtaine de mesures pour espérer juguler le fléau des accidents de la route suite au drame de Sikilo (Kaffrine). Rien de nouveau. Toutes ces mesures ont été prises dans le passé et l’effet escompté n’était jamais au rendez-vous. Nous sommes retombés dans nos travers. Un laxisme que nous payons cher aujourd’hui. En larmes, en sang et en vies. Le naufrage du bateau « Le Joola » est tout récent. Et si ce drame du « Joola » avec ses 1863 morts n’est pas parvenu à changer positivement le Sénégalais, ce n’est pas le carnage de Sikilo avec 41 morts qui le fera. Malheureusement. Le « Joola » devait être le déclic pour une société plus sûre et plus responsable après avoir tiré toutes les leçons, mais tel n’a pas été le cas. L’Etat du Sénégal a préféré noyer tous les enseignements de cette tragédie maritime au fond de l’océan.
A mon avis, la seule mesure qui mérite d’être prise, c’est celle qui aiderait à améliorer positivement le comportement du Sénégalais pour qu’il devienne un citoyen modèle. Un citoyen discipliné, patriote avec un sens élevé de la responsabilité et accordant une attention particulière à la sacralité de la vie humaine. Tout simplement. Ce serait un bon début de solution à nos maux multiples et multiformes.
PAPA MOCTAR SÉLANE
Journaliste
Auteur du film documentaire “Le Joola, l’ancre du souvenir”
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