«Contrairement à l’idée d’un Sénégal plus fort avec une diplomatie plus vibrante que veut faire prospérer le gouvernement, l’UNIS invite à analyser plus froidement les visites successives des premiers ministres turcs, canadien et du secrétaire d’état américain au Sénégal. Elles sont d’abord l’expression d’une diplomatie agressive de la part des multinationales de ces pays pour prendre avantage de la position de faiblesse économique et financière du Sénégal parfaitement détectée par ces dirigeants. Ces visites visent juste à profiter de la vulnérabilité du président de la république actuel pour lui faire signer des contrats à l’avantage de leurs sociétés. Le président Macky Sall, parfaitement conscient de sa situation, croit trouver dans la signature ces accords des moyens de sécuriser des faveurs et une protection de la part de ces dirigeants. Il le cache certes. Mais en réalité le président est en position de faiblesse sur le plan intérieur. Il a besoin d’appuis.
Le Sénégal n’a absolument rien gagné dans les différents accords signés avec tous ces dirigeants. Au contraire, ces accords permettront aux sociétés multinationales de ces pays de bénéficier de retombées en milliards de dollars sans passer par des appels d’offre et avec la garantie que nul ne pourra désormais s’opposer à de tels contrats cautionnés par leurs chefs de gouvernement. Ces contrats vont tout simplement renforcer la domination des sociétés étrangères sur notre tissu économique et industriel, asservir davantage notre secteur privé national et nous rendre encore plus dépendants.
Ce ne serait pas une surprise si le premier ministre britannique se signalait à son tour. Du reste, la signature de convention et contrats qui en seront issus, en faisant l’économie d’un processus d’appel d’offre compétitif, coûtera plus cher aux sénégalais et sera l’occasion de mettre de côté les bonnes pratiques de transparence et de gouvernance, encore une fois de plus. C’est le cas sur l’électricité et la santé. Le choix de GE n’est basé sur aucun processus compétitif. Ils nous surfactureront naturellement et nous créeront encore plus de dette en sus de profiter du marché intérieur qui leur est offert sur un plat.
En exemple, la réalisation de l’autoroute Dakar Saint louis ne nécessite certainement pas qu’elle soit confiée à une société américaine alors que notre secteur privé peut la réaliser. Enfin, au même moment qu’ils signent des contrats, les Etats unis nous informent qu’ils vont diminuer leur assistance au Sénégal. Ou est notre intérêt ?»
Amadou Gueye, Président de l’UNIS.
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