En participant au forum mondial sur l’innovation vaccinale, cette première visite en France a finalement permis au Président Bassirou Diomaye Faye de faire d’une pierre deux coups.Le point d’orgue de ce séjour aura sans doute été le tête-à tête à huis clos entre lui et le Président Emmanuel Macron en marge d’un déjeuner à l’Elysée.
Le Président Macron est aux manettes jusqu’en 2027 ; autant dire que le nouveau pouvoir est obligé de trouver la bonne alchimie pour jeter les bases d’une nouvelle coopération bilatérale basée cette fois-ci sur un rééquilibrage systémique conformément au souverainisme prôné par le régime Diomaye.C’est d’ailleurs tout le sens des termes d’un communiqué final qui met en exergue « une nouvelle impulsion fondée sur un respect mutuel, un partenariat équilibré au service des intérêts réciproques des deux peuples, unis par des valeurs démocratiques partagées, par un lien humain et une relation d’amitié ».
Au-delà de travailler à installer un paradigme gagnant-gagnant, il s’agit surtout de rassurer cette France résiliente en passe de basculer dans le giron alambiqué et peu lisible du rassemblement national…Voilà toute la délicatesse de l’exercice pour un Président sénégalais qui avait battu campagne flamberge au vent avec des éléments de langage tirés de la rhétorique guerrière de la rupture et de la rectification.
Mais le souverainisme de Pastef n’a rien à voir avec celui des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) dirigés par des militaires en délicatesse avec l’ordre constitutionnel.De manière caricaturale, on peut parler d’un souverainisme réaliste au regard des réalités de la mondialisation.
Contrairement aux déclarations des Cassandres, le Sénégal, le Mali et le Niger n’ont pas connu les mêmes trajectoires et la même histoire.
Dakar porte de l’Afrique a été très tôt ouverte aux souffles du monde en général et du pays de Marianne en particulier.
Témoin, notre position privilégiée de capitale de l’AOF nous a toujours permis de disposer d’avantages comparatifs non négligeables. Sans oublier la position stratégique du pays et l’attractivité d’un Port qui devrait d’ailleurs connaître prochainement un lifting et une redynamisation afin d’apporter la réponse adéquate face à la rude concurrence de Conakry, Abidjan et Nouakchott. Sans doute avec le soutien actif d’une expertise française reconnue mondialement à travers l’activité des ports du Havre, Nantes, Bordeaux, la Rochelle, Dunkerque, Saint-Nazaire…
Justement au-delà des enjeux géopolitiques, les enjeux économiques de la visite du Président Faye en France sont prégnants. La cocarde tricolore devrait flotter de nouveau sur les grands chantiers infrastructurels du Sénégal.
Des problématiques vitales pour une France en grande difficulté ailleurs en Afrique de l’ouest. Un exemple : Au Niger, Moscou cherche à évincer Paris de l’exploitation de l’uranium, un rouage essentiel de l’industrie nucléaire. La France peut-elle se passer de ce combustible qui alimente ses centrales énergivores ?
Forcément il faudrait trouver d’autres ressources et d’autres espaces d’exploitation plus accueillants. La nouvelle vocation pétrolière et gazière du Sénégal le rapprochera davantage de l’ancienne puissance colonisatrice. Le Président Macron semble bien décoder le message des nouvelles autorités sénégalaises dont le discours porte essentiellement sur le rééquilibrage des relations économiques avec l’ancienne puissance coloniale. Pêle-mêle, on remarque que les nouvelles priorités du mariage franco-sénégalais gravitent autour de problématiques centrales à renforcer notamment la transition énergétique, la santé, la formation professionnelle, la production locale de vaccins mais aussi et surtout l’agriculture.
Toutefois, les entreprises françaises devraient apprendre à cohabiter avec les chinoises, les turques, les marocaines ou encore d’autres qui ont déjà pignon sur rue sur les sentiers du développement.
Maître Abdoulaye Wade avait initié la diversification des partenariats économiques.Macky Sall avait remis à la cocarde tricolore toute sa splendeur en replaçant les hommes d’affaires et les groupes français au cœur de l’économie nationale .C’est le cas entre autres d’Alsthom (Ter) ou la SAUR filiale de Bouygues qui contrôle Sen ’eau. Reste à scruter la démarche du tandem Diomaye/ Sonko.Tout porte à croire que le nouveau pouvoir n’est pas loin de là stratégie Wade basée sur la diversification des partenariats.
Les États- n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts disait avec force le Général Charles De Gaulle.
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