Département de Mbour: Macky Sall reconduit 12 maires de la majorité et en zappe 4

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Le suspense est levé depuis hier sur les candidats de la coalition Benno Bokk Yakaar aux élections locales de janvier 2022. Dans le département de Mbour, sur les seize (16) maires sortants de la majorité présidentielle, les douze (12) ont été reconduits. Rapporté à un examen, ce serait un taux d’admission de 75%, et si c’était un devoir, une note de 15/20. Seuls les maires de Mbour, Joal Fadiouth, Ndiaganiao et Sessène ont été zappés par Macky. Si les trois derniers cités ne vont pas à coup sûr être candidats à leur propre succession puisque forclos et soucieux d’une discipline de parti à respecter à l’Apr, l’édile de Mbour, lui, a déjà annoncé sa volonté d’en découdre avec ses alliés. Mais la grosse surprise de cette liste est la reconduction du maire de Diass au détriment du coordinateur communal de l’Apr et directeur général du COSEC, Mamadou Ndione, qui se voyait déjà maire de la contrée du Saafy avec 80% des voix. Décryptage d’un choix à plusieurs prismes.

Les jeux sont faits, et les dés jetés ! Après les nombreuses supputations sur les noms des candidats de Benno Bokk Yakaar aux élections locales, chacun est fixé sur son sort depuis hier. Dans le département de Mbour, ils étaient 16 maires à attendre de savoir à quelle sauce ils seraient mangés. Déjà, l’un d’eux, leur collègue de Mbour, El -Hadj Fallou Sylla avait déjà su qu’il n’est pas admis à cet examen de reconduction. Depuis plus d’une semaine, il était clair que le président de la coalition, Macky Sall, avait porté son choix sur Cheikh Issa Sall, tout puissant Directeur Général de l’Agence de Développement Municipal (ADM) et leader du mouvement AM/DEM (Agir avec Macky pour le Développement de Mbour) pour porter le flambeau de BBY dans la commune, alors que le président du Conseil départemental, Saliou Samb, lui, était été confirmé.

Une décision qui avait été suivie aussitôt d’une réaction du «vaincu». El-Hadj Fallou, prenant son courage à deux mains, a contesté une décision «venue d’on ne sait où» et annoncé sa volonté de se porter candidat à sa propre succession sous la bannière de son parti, le PS. Il n’en fallait pas plus pour que la tension monte entre alliés de la majorité présidentielle, dans l’attente de la décision finale des instances nationales. La liste complète des candidats au poste de maire rendue publique hier n’a pas révélé de grosses surprises cependant. Ainsi, les maires de Malicounda (Maguette Sène), de Sindia (Thierno Diagne), Nguéniène (Maguèye Ndao), Sandiara (Serigne Guèye Diop), Thiadiaye (El Hadj Oumar Youm), Saly Portudal (Ousmane Guèye), Ngaparou (Mamadou Mbengue), Poponguine Ndayane (Mamadou Mansour Thiandoum), Somone (Boucar Sadji), Nguékokh (Papa Songo Diouf), Diass (Cheikh Tidiane Diouf), Fissel (Cheikh Tidiane Bâ ont tous été confirmés pour aspirer à se succéder à eux mêmes.

Cheikh Tidiane Diouf gagne son combat face à Mamadou Ndione à Diass

Au même moment, leurs collègues de Joal-Fadiouth (Boucar Diouf), Ndiaganiao (Gana Gning) et Sessène (Dr Paul Sène) vont à coup sûr céder leur fauteuil, parce n’ayant pas été désignés par l’équipe de Macky Sall comme candidats «officiels» de la coalition. Ils partagent cette mésaventure avec leur «ami» de Mbour, El-Hadj Fallou Sylla, qui lui veut rester dans la course. Pour remplacer ses maires «impopulaires», la mouvance présidentielle a misé sur quelques nouvelles têtes. Après Cheikh Issa Sall à Mbour, viennent à Joal-Fadiouth Aïssatou Sophie Gladima, qui est la ministre du Pétrole et des Énergies Renouvelables ; à Ndiaganiao Dr Tening Séne, une autre dame, directrice de l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANA); à Sessène Abdou Diouf, presque un inconnu au bataillon. Si la reconduction des maires est perçue presque comme normale, il y a lieu de s’arrêter tout de même sur le cas de Diass.

En pays Saafy, la reconduction de Cheikh Tidiane Diouf va à coup sûr avoir l’effet d’une bombe au sein d’une autre frange, celle de Mamadou Ndione, qui fait office pourtant de coordinateur communal de l’Alliance pour la République (Apr), le parti du Président Macky Sall. Dans cette zone, le directeur général du Conseil Sénégalais des Chargeurs (COSEC), «sûr» de sa victoire à 80 % sous la bannière de BBY, va devoir ruminer sa profonde déception. En dépit du soutien des sections communales entières du Parti socialiste et de Bës dou Niak et même du coordinateur local de Pastef sans compter de ceux de Rew Mi et de Taxawu Sénégal, Mamadou Ndione perd une bataille de légitimité qu’il lui sera très difficile voire impossible de rattraper dans sa carrière politique. Lui qui invitait solennellement son concurrent qu’il a traité comme un maire «qui finit le mandat d’autrui» va devoir se mettre à côté de ce dernier pour participer à une victoire du camp de la majorité. Comment pourra-t-il digérer sa désillusion pour pouvoir encore mobiliser, comment ses partisans vont-ils appréhender eux aussi cette nouvelle donne? Voilà autant de questions dont la réponse pourrait tomber dans les prochaines heures. Chez les maires «dégommés», à Joal-Fadiouth, Boucar Diouf, élu en 2014 sous la bannière de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp) a été presque contraint de rejoindre l’Apr sous la pression sans relâche de son challenger Aïssatou Sophie Gladima qui a dit à haute et intelligible voix que la gestion de son camarade de parti est loin d’être satisfaisante. Prenant de l’âge, l’ancien proviseur des lycées n’a pas voulu verser dans la confrontation avec une autochtone, lui qui est considéré par certains de ses adversaires comme un «étranger», parce que originaire d’un village de la région de Fatick, Senghor en l’occurrence, sans compter les nombreuses récriminations portées contre lui ces derniers temps par ses administrés sur la gestion du foncier.

A Ndiaganiao, on sentait venir cette bonne nouvelle pour la DG de l’ANA. Dr Tening Sène, elle aussi, avait fini d’asphyxier politiquement le maire Gana Sène, par ses diverses actions sociales au profit de toutes les couches de la population alors que son concurrent, lui, devient de plus en plus impopulaire, les populations se disant même «trahies» par le maire et son équipe qu’elles ont accusé d’être «insensibles» à leurs diverses préoccupations. Enfin, pour le cas de Sessène, Dr Paul Sène paie peut-être les frais du niveau de développement de sa commune qui passe pour être la plus démunie du département. Déjà maire sous le régime libéral, de 2004 à 2009, le cardiologue n’avait pas senti certainement ce besoin de changement. Ici, son remplaçant potentiel, Abdou Diouf est presque un inconnu au bataillon, mais l’ancien socialiste doit lui aussi songer à envisager sa retraite politique après au moins 40 ans de militantisme et 12 ans de magistère sans pour autant parvenir à faire sortir Sessène de l’ornière.
LeTémoin

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