De la démocratie et de la limitation des mandats de l’exécutif (Par Cissé Kane Ndao)

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Disons-le tout de go, car c’est mon intime conviction et ma position définitive sur cette question : je suis contre le principe de la limitation des mandats de l’exécutif.
La limitation des mandats n’a jamais été la condition sine qua none d’une démocratie majeure. Elle est agitée par des cercles d’opposants qui aspirent la plupart du temps uniquement à l’accession au pouvoir, en théorisant une exigence exacerbée d’une reddition des comptes et l’obligation du renouvellement des élites dirigeantes, comme pour dire que les présidents dont ils aspirent à la succession ont mal géré leurs pays ! Cette stratégie machiavélique laisse augurer souvent d’une volonté cachée d’un règlement de comptes, potentiellement déstabilisatrice et plus démocraticide encore que la non limitation des mandats, qu’ils perçoivent, cette non limitation de mandats, comme le frein à leur obsessionnelle ambition de parvenir au sommet, parce qu’ils auraient plus de chance d’avoir en face d’eux des adversaires moins populaires, surtout pour ceux d’entre eux qui se seront tellement incrustés sur le terrain politique qu’ils ont fini par y endosser les habits glorieux d’opposants historiques !
Il s’agit pour notre génération de nous demander si nous voulons une démocratie avec des institutions fortes, un pays dans lequel chaque citoyen aura la conviction en balayant sa porte qu’il contribue à rendre propre son quartier, sa ville, son pays, bref une citoyenneté patriotique, de nous demander, disais-je, si nous voulons d’un pays capable souverainement d’élire un homme sur la base de sa vision dans un horizon temporel clairement déterminé, suivant des critères autres que le populisme, les affabulations démagogiques ou par d’autres subterfuges inavouables.
Rien ne peut se construire sans le temps et la durée nécessaires à sa concrétisation. Veillons à asseoir les principes éthiques fondamentaux qui déterminent l’exemplarité de nos leaders politiques en nous-même et au sein de notre peuple, et nous verrons que la démocratie respire et vit mieux sans le faux débat de la limitation des mandats.
Le vrai débat n’est pas la limitation des mandats. C’est le renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit. Et si cela est fait, il s’agira dès lors de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Que les processus électoraux et les échéances qui marquent la vie politique de nos états soient sacralisés, voilà le seul gage d’une démocratie majeure qui mérite un débat aujourd’hui. Si l’on me rétorque que la plupart des exemples de démocraties sans limitations de mandats que j’ai évoquées ici sont des régimes parlementaires, eh bien, essayons donc ce système alors, puisque les leaders portés à la tête de ces républiques ont le temps de théoriser leur vision, et de la réaliser au grand bonheur des peuples qui leur font confiance !
Cissé Kane NDAO
Président A.DÉ.R

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