Dans son discours pour « l’après-Barnier », Emmanuel Macron priorise le budget avant tout

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S’adressant aux Français ce jeudi 5 décembre, au lendemain de la chute du gouvernement Barnier, le président de la République n’a pas, sans surprise, nommé de Premier ministre/

Une allocution sans annonce marquante. En prenant la parole à 20 heures, Emmanuel Macron a d’abord voulu remercier Michel Barnier « pour son dévouement et pour sa pugnacité », alors qu’il vient d’être renversé par 331 députés mercredi soir, entraînant ce jeudi matin la démission du Premier ministre et celle de son gouvernement, comme le prévoit la loi. Démission acceptée par le président français dans l’après-midi, après avoir consulté les présidents des deux chambres du Parlement, et son allié François Bayrou.

Face à cette crise politique, le président a tout d’abord évoqué sa décision estivale de dissoudre l’Assemblée nationale. « Je dois bien reconnaître que cette décision n’a pas été comprise », a-t-il admis, assumant son entière « responsabilité ».

Mea culpa ? Le président français a ensuite abordé le sujet de la censure de Michel Barnier par l’hémicycle, arguant que « l’extrême-droite et l’extrême-gauche se sont unies dans un front antirépublicain », et refusant lui-même d’en admettre la responsabilité. « Pourquoi ces députés ont-ils agi ainsi ? », a demandé Emmanuel Macron. Le « cynisme », explique-t-il, de députés qui ont « choisi le désordre », rappelant qu’il exercera son mandat de cinq ans « pleinement » et « jusqu’à son terme ». Exit donc toute possibilité de démission présidentielle pour le moment.

« À partir d’aujourd’hui, c’est une époque nouvelle qui va commencer » a poursuivi le chef de l’Etat, souhaitant être « ambitieux pour la France. » « C’est pourquoi je nommerai dans les prochains jours un Premier ministre » a-t-il annoncé, qui formera un « gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer », resserré autour du budget. D’abord autour de la loi de finances 2024, afin de faire tourner le pays, promettant « en début d’année » que le gouvernement s’attellera à un nouveau projet de loi de finances pour 2025.

« Trente mois ». C’est le temps dont Emmanuel Macron a admis disposer jusqu’à la fin de son mandat, où il a rappelé qu’il ne pourra pas être réélu, et qu’il souhaite comme « trente mois d’action » pour le futur gouvernement.

« Matign’non ». Concernant l’identité du nouveau locataire de Matignon, « le nom du Premier ministre ne sera pas annoncé jeudi soir », avait prévenu un proche du président de la République, au risque de laisser s’installer l’incertitude, néfaste sur les marchés et propice à la montée des appels à sa démission. Un autre estimait « possible » que le nouveau locataire de Matignon soit connu à temps pour la réouverture de Notre-Dame.

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Après les législatives anticipées cet été, aucun des trois blocs majoritaires à l’Assemblée (NFP, centre-droite, RN et alliés) ne détient à lui seul la majorité absolue dans l’hémicycle. Parmi les noms qui ont pu circuler dans l’entourage présidentiel, on trouve bien sûr François Bayrou, le président du MoDem, reçu à déjeuner ce jeudi à l’Élysée, dont le secrétaire général, Alexis Kohler, aurait mis ses griefs de côté vis-à-vis du maire de Pau.

François Bayrou s’est entretenu jeudi matin avec l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, ont fait savoir ses proches, alimentant l’idée qu’il pourrait tenter de former un gouvernement avec des ténors d’autres camps. Le nom de l’actuel ministre des Armées démissionnaire Sébastien Lecornu, circule activement sur les différentes ondes et antennes depuis mercredi soir.

Droite-gauche. À droite, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a prévenu que son parti ne censurerait pas un gouvernement élargi au PS, mais n’y participerait pas forcément. Le patron des Hauts-de-France Xavier Bertrand, pressenti en septembre, a lui-même semblé s’écarter du jeu en rappelant jeudi matin sur BFMTV/RMC qu’il avait fait l’objet d’un veto de l’extrême droite en raison de son « combat contre le RN ».

Le nom de l’ex-ministre chiraquien François Baroin, longtemps à la tête des maires de France et toujours édile de Troyes, a refait son apparition. Lui aussi discret, il « fait savoir » son intérêt par le poste, rapporte Le Parisien. Les appels se multiplient donc pour élargir l’équation à une partie de la gauche, avec un « pacte de non censure » entre les socialistes, la macronie et LR.

À gauche, alors que Ségolène Royal a déposé sa candidature pour Matignon, rappelle BFMTV, on maintient que le Premier ministre doit venir du Nouveau Front populaire, arrivé premier aux législatives. Au sein du NFP, le PS, contrairement à LFI, s’est dit prêt à des compromis avec le bloc central, qui s’engagerait en retour à ne pas censurer un gouvernement de gauche.

Le chef de file des députés macronistes, Gabriel Attal, propose quant à lui un accord de « non censure » avec le PS pour limiter l’influence du RN et de ses alliés. À l’Assemblée nationale, ces situations et interrogations complexes devront tenir, quoiqu’il arrive, au moins jusqu’en juillet. Une nouvelle dissolution, si non souhaitable qu’elle soit, n’est possible, selon la loi, qu’une seule fois par an.

Lopinion.fr

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