L’Armistice signé le 11 mai avec l’allègement du confinement démontre le degré d’isolement du pouvoir face à la crise du Covid-19 : pris en défaut, il s’est enfermé dans des contradictions sans fin envers sa propre administration et les forces socioprofessionnelles.
Le pouvoir sénégalais s’est d’autant plus éloigné des populations depuis l’apparition au Sénégal du premier cas de Coronavirus qu’il a été pris en défaut sur bien des chapitres, en dehors de ses propres contradictions impossibles à justifier ; la distanciation sociale en vigueur avec les crises du néo-Coronavirus, au sens physique du terme, a ainsi retrouvé toute sa réalité sociologique contraire de réification de l’ordre social, c’est-à-dire de légitimation sociale de l’ordre discriminatoire établi : du spirituel au judiciaire, du culturel à l’économique, les lieux de contestation et de protestations ont démontré le peu de crédit d’une République assez éloignée du vécu des populations : le 11 mai dernier, Macky Sall a livré les populations sénégalaises à la grâce de Dieu qui reconnaîtra les siens.
Le discours du président de la République le 11 mai a ceci de pathétique qu’il ne reposait sur aucune autre logique que celle de plaire à ceux qui ont été les premiers à rejeter l’allègement apparemment plus compliqué que la situation antérieure : en cherchant à limiter une contestation religieuse avec le refus de certaines localités d’oublier le salat rédempteur imposé par la réponse d’Etat au Covid-19, le pouvoir a divisé les familles religieuses, toutes obédiences confondues, quand l’Eglise et certains foyers refusent de réouvrir les lieux de culte : pendant longtemps, le pouvoir avait refusé de reconnaître la valeur de la religion comme élément d’accompagnement d’un corps en souffrance et cherchant un repos ici et au-delà.
Dans cette même journée du 11 mai, l’ordonnance N° 5 de la Cour suprême confirmait l’interdiction de rapatriement de dépouilles de Sénégalais morts du Coronavirus ; Macky Sall passe outre dans une allocution prononcée à son domicile de Mermoz, sans les emblèmes et le support technique lourd de la présidence. Résultat : la photo était moite, comme le logos du jour imprécis, plus digressif qu’affirmatif. Si le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur s’est empressé de repréciser sa position antérieure, Dame Justice est restée digne dans son silence de cathédrale.
Amadou BA@amadou_ba_
Pour le rapatriement de dépouilles mortelles, suite à la décision PR @Macky_Sall de lever la mesure d’interdiction de rapatriement des corps de nos compatriotes décédés du covid-19 prise le 11 une réunion s’est tenue, le 12 mai avec le @MinisteredelaS1, en vue de la mise en œuvre
15 mai
Ironie du sort : ceux qui avaient fait contre mauvaise fortune bon cœur sont revenus à la charge en demandant l’exhumation de ceux qui étaient tombés au champ de bataille et qui méritaient enfin de la Patrie.
Comme le Sénégalais Macky Sall, le président français Emmanuel Macron entré en guerre plus par tactique que par stratégie a aussi signé le 11 mai une armistice qui a tout l’air d’une reddition : un ange est passé devant les résultats obtenus par rapport aux sacrifices de la société et la sortie bâclée d’un confinement à la carte ; les Français se posent des questions réelle depuis la présentation du plan du 28 avril par le Premier ministre Edouard
Philippe qui a continué à s’expliquer, comme ce jeudi encore.
Si le Sénégal a battu l’Hexagone de peu en reconnaissant la valeur morale réconfortante de la religion dans la lutte contre le Covid-19 et précédant donc la France dans la réouverture des lieux de culte, le résultat engrangé fut des plus timide : l’école encore une fois été le lieu d’un certain malthusianisme, incitant ceux que l’on croit méritants parce que en classe d’examen, reléguant la plèbe aux calendes grecques ; le Sénégal avait oublié qu’il avait créé les classes à double flux qui aurait pu être remise à l’honneur en la circonstance dans un souci d’imagination et de justice sociale.
Où étaient les conseillers en communication et les techniciens ?
Emmanuel Macron n’était pas à la fête : la photo n’était pas des meilleures, le texte trop long et peu dynamique ; on n’a pas senti la force de 23 mars, la profondeur et l’esprit d’équité qui voulait faire payer les riches pour sauver les populations, « quel qu’en soit le prix » ; au Sénégal, Macky Sall s’est fâché pour une « charité » de 360 millions quand il avançait avoir débloqué mille milliards Cfa comme budget de guerre que l’on attend encore, quand les policiers qui se sont sacrifiés autant que le corps médical reçoivent quelque 7.100 comme prime de guerre.
Une analyse des sondages révèle que les Français ont reconnu et approuvé l’attitude de Macron face à la crise, tout en en refusant les conséquences : isolement physique, moral, spirituel, matériel, économique et culturel, entre autres. La précipitation avec laquelle le pouvoir a imaginé le définitivement rappelle une certaine déconfiture privilégiant l’économique déterminant en dernière analyse. Les mêmes observations valent pour le Sénégalais Macky Sall longtemps accusé d’être un copy cat de son « homologue » français : depuis, les examens de rattrapage montrent des politiques toujours en retard de la bonne décision.
Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
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