Covid-19 et ramadan : Jamra demande la réouverture des mosquées

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CHEIKHOU OUMAR FOUTIYOU TALL, «El Mujahidul Kabir», éminent Oulamaou Soufi, disait aux érudits de son époque: «Si vous ne faites pas preuve de vigilance, le pouvoir temporel pourrait vous faire sortir de votre religion sans que vous vous en rendiez compte» ! Des musulmans peuvent-ils, au 21e siècle, demander l’autorisation d’exercer leur Foi, d’accomplir leur devoir cultuel envers Allah, pendant que d’autres sites de regroupements humains, propices à la propagation du covid19, comme les supermarchés, les banques, les transports en commun, etc., sont plutôt encouragés à poursuivre leurs activités économiques, pourvu qu’ils s’organisent dans le respect des consignes sanitaires édictées par les autorités médicales?

POURQUOI LES MOSQUÉES ne pourraient-elles pas aussi reprendre leurs activités, moyennant bien entendu l’observance desdites consignes d’hygiène préventive de base? Pourquoi les hôpitaux, où les braves dépositaires du Serment d’Hippocrate soignent nos maladies physiques, restent ouverts, pendant que ce Grand Hôpital de guérison de nos âmes malades reste fermé, et dont son Grand Docteur a dit dans Son Livre Saint: «Wa annal Massajida lilah» – «Les Mosquées sont les demeures d’Allah» (Sôratul Djinni, verset18)?

COMMENT peut-on être obnubilé par la terreur que sème dans le monde cet infiniment petit virus Covid19 au point de snober Celui qui en est le créateur et, de surcroît, commanditaire de son énigmatique mission ici-bas ? L’Infiniment Grand n’envoie jamais par hasard des épreuves à ses créatures ! Et, le cas échéant, ne fait pas de distinguo entre ceux qui auront suscité Son courroux et les autres. Comme Allah le rappel Lui-Même dans Son Livre Saint : «Ô croyants, méfiez-vous d’un de mes châtiments qui, lorsqu’il s’abattra sur votre communauté, n’atteindra pas seulement ceux qui sont coupables parmi vous» (Sôratoul Anfal, verset 25). «Ay dou yém si boppou borom», renchérit le sage Koth Barma !

L’IRASCIBLE président américain, Donald Trump, s’est même résolu à donner droit aux incessantes alertes qui fusaient de voix religieuses autorisées, particulièrement celle de son proche souteneur, le pasteur évangéliste Steve Andrew. Ce dernier, après avoir déclaré crûment que la pandémie du coronavirus était «une malédiction divine en conséquence de l’excessive prégnance des pratiques Lgbt à travers le monde», a pu convaincre le chef de la Maison Blanche de désormais inclure Dieu, Créateur de toutes choses, dans notre quête de résilience, afin que nous puissions, avec efficience, abréger nos tourments induits par cette pandémie. Et nous reconstruire spirituellement et socialement, au sortir de ce terrible traumatisme collectif.

CETTE RÉSILIENCE, pour être prometteuse et durable, doit impérativement s’adosser sur une volonté résolue de retourner à Dieu, avec une «tawba» (repentance sincère) en bandoulière. Pour une salutaire rémission de nos péchés, consécutivement à notre entêtement atavique à violer les lois divines.

RECEVANT alors des autorités religieuses d’obédiences confessionnelles diverses, rabbins, évêques, pasteurs, imams, Donald Trump décréta le dimanche 15 mars «Journée nationale de prière», peu après avoir officiellement déclaré l’état d’urgence. Escomptant ainsi mieux impliquer toutes les composantes sociales du pays dans l’offensive contre la pandémie. Pour laquelle seul le corps médical avait, jusque-là, la voix au chapitre.

SUR TWITTER, le président Trump déclara : «C’est un grand honneur pour moi de décréter le dimanche 15 mars “Journée nationale de prière”. Nous sommes un pays qui, tout au long de son histoire, a su compter sur Dieu pour obtenir la protection et la force dans des moments comme ceux-ci”, a tweeté Trump. “Peu importe où vous vous trouvez, je vous encourage à vous tourner vers la prière dans un acte de foi».

DES PAYS à majorité musulmane, à l’instar de l’Indonésie et de l’Algérie, ont expérimenté avec succès la réouverture des mosquées, moyennant des mesures d’accompagnement idoines, qui ne sont autres que le respect strict des gestes-barrières. En Algérie, le ministère des affaires religieuses a instruit, depuis le jeudi 12 mars dernier, les directeurs de Wilayas et les imams, d’instituer, en partenariat avec les autorités sanitaires, à l’entrée de toutes les mosquées du pays, les mesures préventives collectives anti-covid19, que sont le port obligatoire de masque, le lavage des mains, ou l’usage du gel hydro-alcoolisé, et l’imposition de la distensation sociale, d’un mètre.

APRÈS AVOIR été péniblement sevré de «Salaatul jumah», quatre Vendredis de suite, pourquoi n’explorerait-on pas cette latitude dans notre pays, où ses 95 pour cent de musulmans ont hâte de s’acquitter, dans la ferveur religieuse habituelle, de la panoplie de «faratas» (actes cultuels inéluctables) liés à ce 4e pilier de l’Islam, qu’est le Ramadan? Ce mois béni de jeûne qui offre au croyant l’opportunité de tenir en bride ses bas-instincts ; de ne plus donner libre-cours aux turpitudes de l’égo ; de prendre résolument le dessus sur les laideurs de son «âme animal»; pour faire éclore davantage le sublime rayonnement de son «âme angélique». Afin qu’elle poursuive sereinement sa glorieuse élévation spirituellement pour s’unir au Miséricordieux.

Dakar, le 21 avril 2020

Les Bureaux exécutifs de

JAMRA & MBAÑ GACCE

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