La COP27 de Charm el-Cheikh, en Egypte, s’est terminée ce dimanche sur un bilan contrasté et les réactions ont afflué pour saluer des avancées dans l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique, mais aussi pour regretter un manque d’ambition sur la baisse des émissions.
La conférence sur le climat de l’ONU a adopté tôt, ce dimanche 20 novembre, une déclaration finale appelant à une réduction « rapide » des émissions de gaz à effet de serre et réaffirmant l’objectif de contenir le réchauffement à 1,5°C. Cet objectif, pourtant déjà acté, était remis en question par les pays producteurs de pétrole notamment, l’Arabie saoudite, l’Iran ou la Russie, explique l’une de nos envoyées spéciales à la COP27, Jeanne Richard. C’est donc un soulagement pour de nombreux pays.
Mais cette résolution finale a été critiquée par certaines parties comme n’étant pas assez ambitieuse. En effet, afin de parvenir à cet objectif, la COP27 réitère la recommandation de Glasgow, pointe notre autre envoyée spéciale à Charm el-Cheikh, Charlotte Cosset, c’est-à-direla réduction progressive du charbon. Mais sans aller plus loin : une sortie de toutes les énergies fossiles, comme le demandait une coalition de pays et de nombreuses organisations de la société civile, n’a pas été retenue.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui aussi regretté le manque d’ambition de la COP27 sur la réduction des gaz à effet de serre : « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu », a-t-il notamment déclaré. De son côté, l’UE s’est dite « déçue » par l’accord de Charm el-Cheikh. « Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions », a estimé dans un discours enflammé le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.
« Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux », a encore regretté Laurence Tubiana, architecte des accords de Paris de 2015.
Une fonds pour les « pertes et dommages »
Les participants à la COP27 se sont par ailleurs mis d’accord sur une résolution concernant le sensible sujet des « pertes et dommages ». Celle-ci prévoit la création d’un fonds dédié pour compenser les dégâts climatiques déjà subis par les pays « particulièrement vulnérables ». Un véritable bras de fer s’était engagé ces derniers jours entre l’Union européenne et les États-Unis d’une part, et la Chine et les pays en voie de développement d’autre part.
Il s’agit donc d’un « moment historique », ont estimé plusieurs acteurs africains. Pour eux, c’est « enfin » la reconnaissance de la responsabilité des pays développés dans les catastrophes climatiques qu’ils subissent au quotidien.
La résolution souligne ainsi le « besoin immédiat de ressources financières nouvelles, supplémentaires, prévisibles et adéquates pour aider les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables » aux impacts « économiques et non-économiques » du changement climatique.
Parmi ces modes de financements possibles figure explicitement la création d’un « fonds de réponse aux pertes et dommages », une revendication forte des pays en développement, qui ont fait bloc sur ce dossier.
L’adoption de ce fonds est « une première étape décisive vers l’objectif de justice climatique », a réagi sur Twitter le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif. Si la France regrette « le manque d’ambition climatique » de la COP27, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, souligne toutefois que ce sommet « répond aux attentes des pays les plus vulnérables avec une avancée forte : la création de nouveaux outils de financement pour les pertes et dommages liées aux catastrophes climatiques ».
« Après une année 2022 marquée par les catastrophes engendrées par le changement climatique, cette COP27 était un test décisif, insiste Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de l’ONG CARE. Alors que cela semblait inespéré il y a encore deux semaines, les pays riches ont enfin accepté de reconnaitre leur dette climatique. [Ils] vont devoir désormais travailler pour rendre ce fonds opérationnel en garantissant qu’il réponde aux besoins des communautés les plus vulnérables. »
Comité spécial
Les détails opérationnels doivent être définis par un comité spécial pour adoption à la prochaine COP, fin 2023 aux Émirats arabes unis, promettant de nouveaux affrontements. Notamment sur la question des contributeurs, les pays développés insistant pour que la Chine en fasse partie.
(avec AFP)
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