Conférence Internationale sur la Fiscalité de l’économie numérique en Afrique : Le discours de Cheikh Diba

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Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités ;

Je vous souhaite à toutes et tous la bienvenue au pays de la TERANGA, et à Dakar, ville cosmopolite, symbole de la diversité de l’Afrique, et lieu de brassage de toutes les cultures du continent africain et du monde. 

C’est un honneur pour moi de prendre la parole ce matin pour ouvrir une conférence aussi essentielle que celle consacrée à la fiscalité de l’économie numérique en Afrique. Un sujet qui n’est plus un enjeu d’avenir, mais une réalité urgente à laquelle nous devons collectivement répondre.

Comme vous le savez, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhare FAYE attache une importance capitale à la mobilisation des ressources internes et au renforcement des capacités endogènes. Pour le Sénégal comme pour toute l’Afrique, ce sont là, les leviers d’un développement durable et d’une transformation socioéconomique profonde.  Cet engagement requiert la participation et l’implication de tous les acteurs sur le continent, en particulier la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) pour le Sénégal qui, depuis plus de trente (30) ans, joue un rôle de premier plan dans ce domaine. Nous sommes donc heureux que l’ACBF, avec la Commission de l’Union africaine et le partenariat avec le Gouvernement de la Finlande, puissent travailler avec la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID), et la Direction générale des Douanes (DGD) pour organiser une telle rencontre. 

Mesdames et Messieurs, Distingués délégués, 

En 2023, le Forum économique Mondial a noté qu’au cours des dix dernières années, l’économie numérique a cru à un rythme 2,5 fois supérieur à celui du PIB de l’économie traditionnelle ; alors que selon la Banque mondiale, elle constitue plus de 15 % du PIB mondial. En Afrique, l’économie numérique est un moteur de transformation. Avec 70 % de la population âgée de moins de 30 ans, un taux de pénétration d’Internet en hausse (27 % en 2023), et une adoption massive de la « mobile money » (1105 milliards de dollars ont transité par les comptes de mobile money sur le continent durant l’année écoulée, ce qui représente une augmentation de 15% par rapport à 2023).

Notre continent incarne l’innovation !

Cependant, les défis demeurent.

L’accès à l’électricité reste un obstacle de taille. À peine 43 % de la population africaine bénéficie d’une fourniture fiable. 

  • Le continent enregistre une perte annuelle de 60 milliards de dollars en raison de la non-numérisation de la collecte des impôts et des flux financiers illicites. 
  • L’absence de cadre harmonisé de la fiscalité numérique limite la capacité d’action commune.

Pourtant, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) appelle à une fiscalité équitable et à une souveraineté numérique. L’heure est venue de traduire les intentions en une réalité tangible.

Mesdames et Messieurs, Distingués délégués, 

Le Sénégal s’inscrit résolument dans cette dynamique. 

Avec le « New deal technologique », notre pays compte investir 1.361 milliards de francs CFA pour financer le plan d’actions constitué de 28 réformes et 69 projets. Sur le plan fiscal, le Sénégal a adopté en 2023 une taxe sur les services numériques (DST) ciblant les revenus des géants de la tech. Une initiative audacieuse, mais qui doit s’inscrire dans une vision panafricaine cohérente.

Distingués Invités ;

A cet effet, pour bâtir un avenir équitable et renforcer notre intégration, je propose que notre réflexion s’organise autour de trois (3) piliers d’actions :

  • L’harmonisation des législations fiscales en Afrique ;
  • L’investissement massif dans l’infrastructure numérique et la formation ;
  • Le renforcement de la coopération internationale en collaborant avec l’OCDE et l’ONU pour adapter les règles globales aux réalités africaines.

Mesdames et Messieurs, Distingués délégués, 

Ce débat n’est pas qu’une affaire de fiscalistes ou d’économistes. C’est aussi une question de justice et de souveraineté. 

A travers cette Conférence, il s’agit d’examiner les voies et moyens de garantir que chaque pays, chaque citoyen, bénéficie équitablement des richesses générées par la révolution numérique. L’Afrique, continent dynamique et jeune, est à l’avant-garde d’une révolution digitale sans précédent. Plateformes de paiement mobile, startups innovantes, commerce électronique, néobanques… Ces avancées transforment nos économies. 

Mais si cette croissance n’est pas encadrée par des politiques fiscales adaptées, elle risque de creuser les inégalités et d’épuiser nos ressources. Ainsi trois questions essentielles doivent guider nos travaux : 

  • Comment capter équitablement la valeur créée par les géants du numérique, souvent hors de nos frontières ?
  • Comment moderniser nos systèmes sans étouffer l’innovation locale ? 
  • Comment garantir que les recettes collectées servent à bâtir des États solides, à former nos jeunes, et à protéger notre environnement ? 

Je vous invite, durant ces journées, à penser ensemble, à innover ensemble, et à agir ensemble. 

Car c’est par la solidarité, la vision partagée et la coopération panafricaine que nous pourrons écrire un chapitre africain de souveraineté financière et de révolution numérique inclusive, durable, et prospère. 

Sur ces notes d’espoir, je déclare ouverte la Conférence Internationale sur la Fiscalité de l’Économie numérique.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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