COVID-19, ANNULATION DE LA DETTE PUBLIQUE, DEPLAFONNEMENT DES TAUX D’ENDETTEMENT
Pour l’instauration d’un Nouvel Ordre mondial
Dans son adresse à la nation du vendredi 03 avril 2020, le Président de la République du Sénégal, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a lancé un appel pressant à la Communauté financière une annulation de la dette publique et le réaménagement de la dette privée face aux ravages de la pandémie du COVID-19. Ce signal a été donné dans l’éditorial du Journal Le Soleil en date du mercredi 08 avril 2020 signé par Macky l’Africain et amplifié par l’ensemble des journaux du continent africain. Cet appel du Chef de l’Etat trouve toute sa pertinence dans le contexte actuel marqué par les ravages causés par la pandémie du Covid-19 qui anéantit les humains, jette à terre toutes les économies même les plus solides du monde et invite l’humanité à se préparer à l’avènement inéluctable d’un nouvel ordre mondial de partage et de solidarité des biens et des ressources de la planète. Pour la première fois, un virus à l’échelle planétaire aura bloqué toute croissance économique mondiale, plongé tous les Etats dans une solidarité imposée montrant leur interdépendance forcée. C’est tout le sens de cette nouvelle voix de l’Afrique portée par le Président Macky Sall.
- L’annulation de la dette publique et le réaménagement de la dette privée, une première étape fondamentale
Si l’heure est à la sauvegarde des vies humaines, demain, il faut s’atteler au redressement des fondamentaux macroéconomiques particulièrement en Afrique pour la survie économique d’abord, atteindre ensuite une vitesse de croisière et tendre enfin vers l’émergence économique. C’est tout le sens de la vision constructive du Chef de l’Etat sur l’idée de l’annulation de la dette publique et un rééchelonnement de la dette privée. Les dettes publiques et les dettes privées constituent des vases communicants, et c’est le plus souvent au nom de la croissance que l’endettement (public et privé) se justifie. Les économies africaines déjà asphyxiées par le poids de la dette se trouvent en état de détresse respiratoire et de réanimation avec cette crise du Corona Virus.
Pour rappel, la dette publique du Sénégal représente près de 64% du Produit intérieur brut alors que l’encours de la dette publique au 31 décembre 2019 se situe à un montant de 7 334 milliards FCFA et projeté en 2020 à 8 076,6 milliards FCFA. L’analyse de la composition de la dette montre que le Sénégal doit toujours rembourser plus de 2 000 milliards FCFA, contractés avant 2012. Le paiement du service de la dette absorbe une proportion élevée des ressources budgétaires qui doivent aujourd’hui être orientées à la prise en charge efficiente du programme de résilience économique et social (PRES) pour la riposte au Covid-19 (1000 Mds FCFA).
- Changer de paradigme par le déplafonnement de la norme d’endettement
A fin mars 2020, la dette publique en France a bondit à 112 % du PIB selon le MEFP Bruno Lemaire tandis que le fardeau financier du Japon se situe à 238 % du PIB et les États-Unis à 106 %. L’augmentation de l’endettement ne cessera pas et cette tendance est même globale et observable dans la grande majorité des pays développés. Pourquoi donc cette exception pour nos pays qui doivent face à des besoins d’investissements de rattrapage infrastructurel pour surmonter la crise sanitaire et sociale, mais aussi à des dépenses pour l’enseignement, la santé, etc. ?
L’Africain Macky Sall invite les institutions de Bretton Woods à repenser les critères et normes drastiques de convergence économique appliqués à nos pays : déficit public (3%), taux d’endettement (70%), inflation (3%), etc. Cette thèse est d’autant plus justifiée de la volonté si forte de nos Etats de retrouver des finances stables grâce à la mise en œuvre d’un plan réaliste et ambitieux d’augmentation des recettes publiques notamment celles fiscales (Plan Yaatal notamment) pétrolières et gazières.
Lors de la conférence sur la dette, le MEFP du Tchad a suggéré à juste titre la prise en compte du déficit militaire par rapport au déficit civil pour faire face aux menaces transfrontalières qui compromettent notre développement.
De ce point de vue, le Sénégal a toute une marge de manœuvre pour s’endetter davantage afin de réaliser ses dépenses sociales, prioritaires et d’investissement, devenues maintenant irrévocables. Un déplafonnement du taux d’endettement s’impose alors pour la mise en œuvre des réformes engagées par le Chef de l’Etat et visant à stabiliser le cadre macroéconomique, stimuler l’investissement privé et accélérer ainsi la transformation structurelle de l’économie.
Malgré un environnement économique international morose, notre pays bénéficie d’atouts considérables lui permettant d’accroitre son niveau d’endettement sur les marchés étrangers : soutien des bailleurs de fonds dans le cadre du Plan Sénégal émergent, progrès en termes de climat des affaires et de gouvernance, solides antécédents en matière de stabilité politique, importantes réserves de pétrole et de gaz naturel avec une gestion de nos matières premières de mieux en mieux maitrisée etc.
Comprendre au-delà de l’appel de Macky Sall l’Africain, la nécessité d’œuvrer à la refonte des relations politiques, économiques, sociales internationales, pour un nouvel ordre mutuellement avantageux entre l’Afrique et le reste du Monde. Intramuros au Sénégal Macky Sall a toujours rejeté un système qui fonde son potentiel d’expansion sur la création et l’élargissement des inégalités sociales et les disparités régionales. A travers son appel il veut montrer au monde qu’un tel système est fondamentalement frappé d’irrationnel.
Macky Sall fustige le surpeuplement invoqué par Sarkozy, Guteres, Bill Gates, qui veulent réduire la démographie des peuples africains par la vaccination. Ce courant de pensée est un révélateur de la profondeur de la crise de l’ordre économique mondial avec un délabrement sanitaire partout en Afrique. Macky Sall rappelle que l’ordre actuel est périmé et que rien ne devra plus être comme avant.
Le virus Corona nous fait assister ainsi au crépuscule d’une époque qui achève sa fonction historique dans les relations entre nations.
A travers cet appel, Macky l’Africain veut que le Monde se réveille et que l’Afrique comme un seul bloc pousse à l’annulation de la dette et se prépare à jouer sa partition dans le nouveau concert des nations post corona ;
Je terminerai avec une phrase d’un célèbre économiste, KRUGMAN, Prix Nobel Economie : « La dette, c’est bien. Être endetté, c’est une façon de payer pour des choses utiles ».
Par Monsieur Habib NDAO,
Secrétaire Exécutif de l’OQSF
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