Tout le monde en convient : s’autoproclamer chef avec les nominations subséquentes est la panacée au sein du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Et la dernière nomination en date est celle d’un fantôme, car nul ne connaît à ce jour son identité, en remplacement du chef de guerre Ibrahima Kompass Diatta.
Le contexte
Alors que le processus de réconciliation et de réunification d’Atika, la branche armée du MFDC, arrive à son terme, l’acte fatidique devant le consacrer formellement va hanter les esprits. Qui pour diriger le Maquis ? Sachant toutefois qu’il devra, aussitôt désigné, faire allégeance à une autorité politique du MFDC. Se pose alors la question de savoir : qui pour incarner une telle autorité politique ?
Ce ne sont pourtant pas les cadres qui manquent : Mamadou Sané dit Nkrumah (France), Ousmane Tamba (Suisse), Chérif Ahmed Diémé alias Dr Apakena, pour ne citer que ceux-là.
Ce ne sont pas, non plus, les distributeurs de « bons » points et autres « guides de conscience » qui font défaut, ceux-là mêmes précisément qui font et défont la pluie et le beau temps en Casamance, au gré de leurs intérêts et de leurs motivations, diversement opposés. Et parmi eux, nous pouvons dénombrer, sans conteste, le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC) de Robert Sagna.
Les conjectures
Or, sans surprise, César Atoute Badiate est en pôle-position pour diriger le Maquis réunifié. Mais, contre toute attente, celui-ci entend jeter son dévolu sur une autorité politique du MFDC qui défie en l’espèce tous les pronostics et autres conjectures. Celui-ci est alors considéré comme un homme à abattre et, avec lui, tous les chefs de guerre du MFDC qui répondent de lui, notamment Ibrahima Kompass Diatta.
Le prétexte tout trouvé
Entre-temps, la fourniture de nouveaux matériels de guerre est annoncée, via la Guinée Conakry. D’une valeur de dix à onze millions de francs, ces matériels de guerre ont pour destination le Fouladou, et pour prétexte : la création d’une nouvelle base, à proximité de, ou plutôt concurremment à celle déjà existante et bien implantée de Ibrahima Kompass Diatta. Et tant pis, si l’opération procède de l’absurdité au plan militaire.
Ainsi conçue, c’est-à-dire dans l’absurdité la plus totale, cette opération avortera avec notamment le braquage et le rapt improductifs (parce que sans retombées d’aucune sorte) de véhicules, dont un pick-up de la Sodefitex, le 22 janvier 2020, dans le même secteur.
En fait, les ravisseurs envisagent, mais en vain, avec ces véhicules, de procéder au convoi des matériels militaires nouvellement acquis, depuis la Guinée Conakry jusqu’au Fouladou.
Les enjeux : Aujourd’hui et Demain
De tout temps, l’Armée est connue et reconnue, en tant qu’institution militaire, pour son fonctionnement suivant la règle de commandement vertical, les ordres venant d’en-haut, toujours. Sauf en Casamance !
C’est que, en Casamance, qui a cette fâcheuse particularité d’être administrée à part, il est aussi une tout autre règle de commandement militaire : le commandement horizontal, celui-ci pouvant dès lors être confusément d’émanation localement militaire et localement politicienne, au grand intérêt de l’establishment-politico-diabolico-affairiste de la Casamance.
L’agression par l’Armée (qui passait indûment pour une méprise, cf. notre communiqué du 13 mai 2020), perpétrée les 13 et 14 mai 2020 contre les positions de Ibrahima Kompass Diatta, à Bissine/Bilasse le 1er jour et à Diagnon le 2ème jour, l’illustre fort bien, qui renseigne ou atteste en l’occurrence de l’alliance objective, quoique non formelle, de l’Armée, des désormais frères ennemis de Ibrahima Kompass Diatta et de César Atoute Badiate avec leurs alliés, et de la pègre casamançaise. Et tout cela de s’opérer de la sorte, aujourd’hui, au plus fort de la crise sanitaire du Covid-19, en entendant demain avec ses promesses. Chut ! le Covid-19 tue. Nous aussi ! Ou, à tout le moins, l’envie de tuer nous démange. Et demain, donc ?
Demain appartient à Dieu, ou à la Nature, c’est selon. Cependant, si Dieu ou la Nature nous prête vie, demain sera nôtre aussi.
Alors, en vertu de notre responsabilité historique, politique et morale, en Casamance et en particulier au sein du MFDC, nous prendrons date. Et nous ferons face.
C’est pour ainsi rappeler que nous tenons, comme à la prunelle de nos yeux, non seulement à préserver le processus de paix en Casamance, dont nous sommes du reste un pionnier, sinon Le Pionnier, mais aussi et surtout à le parachever. Et ce, de la manière la plus optimale.
C’est-à-dire, in fine, à le conduire ultimement à la paix définitive, tout au moins durable, « sans vainqueurs ni vaincus », au terme de cette guerre injuste, si injustement imposée au MFDC depuis décembre 1982.
Dakar, le 17 mai 2020.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
Ancien Secrétaire Général du MFDC
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