Cette jeunesse victime de la sournoiserie des adultes… (Par M. L Diatta)

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Les résultats du tout dernier recensement général sont formels : 75% population sénégalaise ont moins de 35 ans et 50 % ont moins de 19 ans.
C’est donc une lapalissade de dire que la jeunesse reste un enjeu majeur et un segment vital de notre vivre-ensemble et sera encore au cœur des péripéties de la présidentielle 2024.
Lorsque la presse informe qu’un responsable apériste comme le Directeur Général de Senelec Pape Mademba Biteye a fait sortir plus de 5000 jeunes à Kaolack lors de la tournée économique du Chef de l’Etat, on mesure l’importance et la place centrale de cette frange vulnérable de la population dans la mobilisation des foules et l’animation politique. Une position enviable qu’elle partage du reste avec la gent féminine
Pourtant et ironie du sort, ce sont les mêmes jeunes qui servent aussi de chair à canon à cette classe politique aux méthodes cyniques voire sournoises.
Pis, les pouvoirs publics semblent promouvoir la « Jakartisation » de la jeunesse, concept fort et bien à propos de Me Aliou Sow ancien Président du conseil national de la jeunesse.
À Kaolack, le Président de la République a annoncé un scoop : le pays compte plus de 7000 jeunes conducteurs de Jakarta et l’Etat veut visiblement en faire carrément un métier en organisant davantage les pauvres désœuvrés qui s’adonnent à ce job. Mais il faudrait rappeler à nos dirigeants que l’usage des Jakartas ne reste qu’un pis – aller pour des jeunes plus ambitieux qu’on ne le pense. Ce moyen de transport qui a d’ailleurs fini de défigurer et d’enlaidir nos grandes artères pourrait peut-être servir de solution pour des politiciens en mal d’imagination et confrontés plus que jamais aux rigueurs d’une conjoncture socio-économique qui favorise difficilement la création massive d’emplois. Mais il reste évident qu’on ne peut aspirer à l’émergence avec des Jakartas comme rampes de lancement.
À y voir de près et en lieu et place des Jakartas, l’Etat devrait plutôt investir d’autres niches d’emplois comme l’agriculture et l’industrie même si cela suppose des efforts plus soutenus en termes de promotion de formations techniques qualifiantes , d’investissements et d’accompagnement d’un secteur privé moteur par essence de la croissance.
Bombe sociale identifiée par tous les sociologues, cette même jeunesse mal encadrée est aujourd’hui la plus grande victime de l’émigration irrégulière du fait aussi de la raréfaction des ressources marines et par ricochet des emplois dans le domaine de la pêche. Tout est lié !
Par ailleurs, la fermeture des universités notamment Cheikh Anta Diop de Dakar demeure une véritable tragédie au pays de Senghor et de Kocc Barma et de Souleymane Bachir Diagne. L’arrêt des cours en ligne annoncée en grande pompe par le SAES syndicat des enseignants du supérieur et l’approche de la campagne électorale achèvent de paralyser le fonctionnement de cet ascenseur social dont tous les dirigeants du pays ont déjà bénéficié de Senghor à l’actuel Président Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Maître Abdoulaye Wade. C’est une catastrophe pour les jeunes ; une atteinte au principe sacro-saint de l’égalité des chances.
Autant dire que l’année universitaire est en danger et les pouvoirs publics ont la mission régalienne de renforcer la sécurité pour procéder à la réouverture immédiate des universités.
Contrairement à un ancien Président qui l’avait en son temps qualifié de malsaine, cette jeunesse est plutôt imprégnée d’une réelle conscience citoyenne.
Il semble qu’elle a compris pas mal de mutations pour prendre son destin en main. Surtout que tout ce qui se fait pour elle sans elle se fait forcément contre elle.

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