Baccalauréat 2021 : le choix de la date du 1er juillet, la bêtise du ministère de l’éducation nationale et la complicité des autres acteurs.

Partager l'article

Jusqu’au moment où nous écrivons ces lignes, le 1er juillet est officiellement retenu pour les épreuves du Baccalauréat général.

Il n’y a plus de doute sur la gestion approximative voire catastrophique de l’école sénégalaise. Il est inutile de rappeler les actes et discours qui justifient le peu de considération et d’attention que le président Macky Sall et son gouvernement ont de l’école.

L’année scolaire en cours a officiellement démarré le 12 novembre 2020. Et comme d’habitude, les cours ne démarrent pas le jour de rentrée des classes dans l’écrasante majorité des écoles du Sénégal. La première semaine est perdue. C’était le cas cette année, surtout qu’il fallait organiser un test de passage pour les élèves dont la moyenne était comprise entre 8,5 et 8,99. Ainsi, on peut globalement considérer que les cours ont timidement commencé la semaine suivante, à partir du 19 novembre. Dans certaines écoles, le démarrage a été effectif au début du mois de décembre.

Le ministère de l’éducation nationale avait demandé aux enseignants de faire des révisions. Ces derniers étaient, en un moment, “perdus” dans cette directive ministérielle. Les plus audacieux ont pris des initiatives personnelles en faisant ce qui leur semblait plus pertinent. La suite semble leur donner raison.

C’est le premier janvier 2021 que les programmes officiels ont été publiés. Un mois après, (le 30 janvier), on a pris les fêtes du premier trimestre, jusqu’au 8 février. Les compositions du premier semestre ont commencé à partir de la fin de ce mois, et se sont étendues dans le mois de mars. Dans beaucoup de collèges et lycées, les compositions peuvent durer trois semaines durant lesquelles il n’y a pas de cours ( le déficit des salles de classe entraîne la vacance des cours pendant les compositions).

En mars, les manifestations violentes engendrées par l’affaire “Adji Sarr- Ousmane Sonko” ont entraîné la vacance des cours pendant une semaine. La décision du ministère de fermer les écoles et universités était normale, car il y avait un gros risque de “Ko” dans le pays, ce qui mettrait en danger la sécurité des jeunes élèves (ceux de l’élémentaire). Même si, nous reconnaissons aussi l’argument selon lequel, cette décision était motivée par la volonté de réduire la mobilisation qui était déjà très forte chez les élèves du moyen-secondaire. D’ailleurs, le calomniateur chargé de la communication du ministère de l’éducation nationale avait accusé les enseignants d’être derrière la mobilisation des élèves.

Au-delà de ces accusations mensongères, les autorités ministérielles avaient montré leur indifférence en maintenant cette semaine entière d’arrêt des enseignements-apprentissages. Le premier jour de cette semaine, le lundi, la libération de Ousmane Sonko avait rétabli la paix et tout risque d’atteinte à la sécurité des élèves. Il était bien possible de reprendre les cours le mercredi ou le jeudi et éviter de perdre toute la semaine. Mais, rien n’a été fait dans ce sens.

Les fêtes du second trimestre se sont étendues entre le 30 avril et le 6 mai. Mais puisque la korite devrait être célébrée la semaine après la reprise, plusieurs personnes, soucieuses de la bonne marche de l’école avaient proposé que les fêtes du second trimestre soient repoussées d’une semaine pour correspondre à la semaine de la korite. Cette proposition était très pertinente car tout le monde savait que la korite allait encore entraîné la vacance des cours pendant au moins trois jours. Cela a été le cas, les cours ont été suspendus du mardi soir au lundi.

Les autorités ministérielles avaient encore démontré que l’école est le cadet de leur soucis.

A cela s’ajoutent les heures perdues à cause des évaluations standardisées (il arrive que durant une semaine, toutes les cellules évaluent, ce qui empêche le déroulement des cours), les cellules pédagogiques et autres événements dans les écoles.

Ainsi, quand on fait le décompte de ces jours sans cours, ça fait plus du double des fêtes légales dans le calendrier scolaire.

La diminution du programme est insignifiante par rapport aux heures perdues. En histoire, on a diminué les décolonisations de L’Indochine, de la Gold Coast et des colonies portugaises. Ça pouvait prendre environ 6h de cours. Les encombrantes leçons sur les civilisations sont maintenues, elles sont contractées.
En géographie, presque rien n’a changé, les leçons qui sont élaguees sont des présentations que beaucoup d’enseignants ne faisaient même pas.

Enfin, compte tenu de la particularité de l’année scolaire 2019-2020 durant laquelle les élèves ont fait la moitié du programme, la progression dans les enseignements est plus lente que d’habitude durant cette année scolaire 2020-2021.

Actuellement, partout au Sénégal, les professeurs de toutes les matières disent être incapables de finir les programmes d’ici le 1er juillet. Beaucoup d’entre eux n’ont fait qu’une seule évaluation au second semestre, certains affirment ne pas en faire dans des classes.

Dès la semaine prochaine, les compositions du second semestre des classes de terminale vont commencer dans beaucoup d’académies. Elles durent environ une semaine (compte non tenu des compositions des classes des autres niveaux qui peuvent entraîner l’arrêt des cours dans les écoles confrontées au déficit de salles).
Ainsi, il reste moins d’un mois de cours en terminale.

Il faut que chacun comprenne l’état de cette situation, s’y prononce et y prenne position.

Les autorités ministérielles doivent arrêter les discours mensongers et comprendre que la finalité n’est pas seulement l’organisation d’un examen. Il n’est pas trop tard pour repousser la date de l’examen.

Mais il faudrait que les autres acteurs disent, clairement qu’organiser un bac à partir du 1er juillet, n’est pas une bonne chose.

Les enseignants doivent faire l’état des lieux et informer les chefs d’établissement sur l’état d’exécution des programmes. Il ne faudrait pas qu’ils montrent de l’indifférence sur cette affaire. Bâcler le reste du programme n’est pas un acte salutaire.

Les chefs d’établissement doivent relayer l’information auprès des autorités académiques et qu’après, ces dernières saisissent le ministre de l’éducation nationale et celui de l’enseignement Supérieur.

Les syndicats d’enseignants doivent se prononcer et mettre le ministre de l’éducation devant ses responsabilités. On leur reproche ( à tort et à raison) de ne pas porter des revendications pédagogiques. Ils doivent saisir cette occasion pour alerter l’opinion publique sur les conditions dans lesquelles l’examen serait tenu le 1er juillet. J’interpelle les Secrétaires généraux du G7 et tous les autres syndicats d’enseignants.

J’interpelle toutes les associations de parents d’élèves. Elles ont l’obligation de se prononcer, si réellement elles défendent les intérêts de l’école.

J’interpelle les élèves qui sont les principaux concernés. La marche agitée par ceux du lycée Seydou Nourou Tall devrait avoir lieu et étendue partout dans le pays. Il faudrait que les personnes qui freinent ces initiatives arrêtent leur hypocrisie. Il faut se battre pour les causes justes.

J’interpelle le Coordinateur de la COSYDEP, pour son engagement en faveur de la qualité dans l’enseignement.

Acteurs de l’école, disons tous non à l’organisation du baccalauréat le 1er juillet. Refusons d’être des complices de politiciens malhonnêtes qui ne se soucient pas de l’avenir des enfants de la nation.

Si les autorités veulent organiser le bac le plus tôt possible pour permettre à des bacheliers d’aller à l’étranger, ça relève de l’irresponsabilité. Ce sont leurs enfants qui bénéficient de ces privilèges, au moment où les étudiants majoritairement issus de la classe prolétarienne attendent plus de six mois après le bac avant de démarrer leurs cours. On est à un mois du bac 2021, beaucoup de bacheliers de 2020 attendent à faire leur premier cours. Extraordinaire paradoxe!!

Arrêtons la folie des bougeois!!!!!!!

Babacar Diouf, professeur d’histoire et de géographie au lycée de Nguekokh.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*