Affaire Pape Ale Niang et la liberté de la presse sous Macky Sall (Par Bara Ndiaye)

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Ce n’est jamais de gaieté de cœur qu’on assiste à  l’arrestation d’un confrère surtout que sa liberté et son travail peuvent parfois l’amener à faire valoir des principes qui ne recoupent pas toujours nos lois et règlements. Seulement, notre liberté d’informer peut être mise à rude épreuve si toutefois elle entend s’affranchir de la responsabilité qui doit gouverner le travail du journaliste. La liberté de la presse est un principe immuable et heureusement, sous Macky Sall, aucun journaliste n’est allé en prison pour un délit de presse.

Pape Ale Niang peut avoir la ligne éditoriale de son choix mais la recherche de l’équilibre dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information est également un principe sacré en matière de journalisme. Je défie  toute personne à me prouver que, dans son travail de journaliste, Pape Ale Niang fait preuve de neutralité.

Il est manifestement à la solde d’un camp politique alors que le journaliste ne doit être ni le bourreau ni le complice d’une tendance politique. La presse ne saurait être un repère de militants en cagoules. Il est plus sage, plus courageux et plus simple de faire son “coming out politique” et mettre ainsi à l’aise sa corporation et ses organes qui, de toutes les façons, sont fondés à soutenir leurs membres et rappeler les principes qui encadrent le métier.
Plus généralement, il est bon de rappeler qu’aucun régime politique au Sénégal n’a fait mieux que Macky Sall en matière de promotion de la liberté de presse.

Beaucoup de préoccupations portées pendant des décennies par les acteurs du secteur de la presse ont été prises en charge par son gouvernement. L’adoption en 2017 d’une nouvelle loi sur la presse (code de la presse) avec une batterie de décrets et arrêtés d’application a redonné espoir en ce qu’elle permet, à terme, au gouvernement et aux acteurs d’assainir le milieu, améliorer son environnement socio-économique et faire des acteurs eux-mêmes les vigies par l’instauration d’un organe d’autorégulation moderne et plus adapté. Voici quelques changements majeurs dans le secteur avec le nouveau code de la presse. 

Avec la nouvelle loi sur la presse, n’importe qui ne peut plus se réveiller et  s’autoproclamer journaliste. Désormais, il faut une sorte de  carte d’identité des journalistes attribuée par une commission nationale où siègent les acteurs du secteur (journalistes, syndicalistes, patrons de médias écrits – notamment en ligne – et audiovisuels) et des représentants des ministères de la Justice, de la Communication et du travail. Cette commission est présidée par un représentant des médias choisi par ses pairs. Désormais pour se prévaloir du titre de journaliste, il faut être titulaire d’un diplôme délivré par une école de journalisme reconnue par l’État.

Une dérogation existe pour ceux qui n’ont pas fréquenté une école de journalisme, mais il leur faut  tout de même être détenteur d’un diplôme universitaire et avoir au minimum une expérience de deux ans dans une rédaction. Pour cette dernière catégorie, le passage devant une commission de validation des acquis de l’expérience est indispensable. Une innovation de taille est apportée dans ce processus. Même diplômé, l’organe d’autorégulation qui est le CORED doit délivrer un quitus à tous les candidats à la carte. Ce quitus permet d’établir l’inexistence d’une sanction privative du droit d’obtention du précieux sésame. 
II- Les acteurs eux-mêmes, dans une large mesure, assurent la police du secteur
Le code de la presse a institutionnalisé l’autorégulation. Un vieux principe tendant à protéger la liberté de la presse voudrait que le journaliste ne soit coupable que devant le tribunal de ses pairs. La nouvelle loi au Sénégal prévoit la création d’un organe dirigé par les professionnels pour connaître des manquements ou non aux principes éthiques et déontologiques. Autrement dit, le législateur prévoit que ce soient les journalistes et techniciens eux-mêmes qui jugement leurs homologues avec la possibilité de leur infliger des sanctions échelonnées qui peuvent aller jusqu’au retrait de la carte de presse. Cette option vise à réduire au minimum les condamnations des journalistes par les tribunaux de droit commun au regard de la spécificité de leur métier. 

III- Le Fonds d’Appui et de Développement de la presse a été créé
Régler les problèmes de la presse revient aussi à s’intéresser à son environnement socio-économique caractérisé depuis toujours par une grande précarité. La création de ce fonds est incontestablement une des mesures les plus salutaires de ce nouveau code de la presse. Auparavant, il s’agissait d’un simple fonds de dotation réparti quasiment sans critères rigoureux. Le nouveau système permettra aux entreprises de presse de contracter des prêts à des taux préférentiels. Ce qui est une véritable bouffée d’oxygène en perspective, en particulier pour la presse écrite privée. L’innovation réside dans son Conseil de gestion qui compte en son sein, les représentants du syndicat des journalistes, des patrons de presse, de la presse en ligne, des radios communautaires et bien sûr du ministère de la communication. Ce qui ne se faisait pas. 
L’engagement du gouvernement du Président Macky Sall ne s’est pas limité à l’instauration d’un cadre juridique adapté. Il s’est surtout manifesté par des mesures fiscales qui ont aidé certaines entreprises de presse qui allaient inéluctablement baisser pavillon. Depuis 2012, d’importantes décisions d’amnistie fiscale sont prises assez souvent pour tirer les entreprises de presse en proie aux lourdes charges. En définitive, il est à retenir que dans le domaine de la promotion d’une presse libre, le gouvernement du Président Macky Sall a toujours fait preuve de volonté politique. Toutes les innovations majeures citées plus haut ont permis de réussir une si belle réforme révolutionnaire en dépit du blocage né de la frilosité des pouvoirs politiques pendant près de deux décennies. 
Bara Ndiaye 
Directeur général de la Maison de la presse Babacar Touré

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