Affaire Khalifa Sall : grâce présidentielle empoisonnée ? (Par Mohamed Dia)

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« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère. » Thomas Sankara

Destin présidentiel

Accusé de blanchiment par le ministre de l’Intérieur du temps, Cheikh Tidiane Sy, Macky Sall est demandé de se présenter au commissariat central pour être placé en garde à vue. Cela a pris place deux mois après avoir démissionné du parti au pouvoir suite à son éviction de son poste de président de l’Assemblée nationale. Il ne serait plus en mesure de se présenter aux élections locales.

Il fallait éliminer tous les opposants et le président Wade était le meilleur tacticien pour cela. Les premiers à être éliminés étaient naturellement les deux fils adoptifs, Seck et Sall. Après avoir éliminé Seck, c’était au tour de Sall et ce dernier savait que ça n’allait pas être facile surtout avec le retour d’Idrissa Seck au PDS. Seul son destin l’a sauvé pour qu’il ne soit pas emprisonné.

L’affaire s’était un peu calmé avec l’intervention du Khalife général des mourides au temps, feu Serigne Bara Mbacké. Serigne Abdou Lahad Mbacké, ancien ambassadeur et Madické Niang, étaient les médiateurs. Macky Sall, avait auparavant, déjà demandé une intercession auprès de feu Serigne Saliou pour une réconciliation avec le président Wade. Le président Wade finira par le recevoir et il était convenu d’enterrer la hache de guerre. Ce sera avec l’aide de feu Serigne Bara Mbacké quand même que cela se passera et le chef du groupe parlementaire, Doudou Wade, annoncera la bonne nouvelle de réconciliation.

Cependant, en bon tacticien et politicien, le président Wade ne respectera pas sa parole et en un temps record, l’article 62 de la Constitution sera amendé afin de raccourcir le mandat du président de l’Assemblée nationale. À l’Assemblée nationale, sur 150 membres, on comptait 95 voix pour, 18 contre, 2 abstentions et 35 non-représentations et au Senat, sur les 100 membres 99 ont voté pour et un a voté contre.

Cette stratégie du président Wade aurait-elle été utilisée par le président Sall pour écarter tous les redoutables adversaires politiques ?

Khalifa Sall

Le plus important était maintenant d’écarter l’opposant qui était le plus redoutable. Il faut noter que Khalifa Sall a remporté toutes les élections contre le régime de Macky Sall. Il a battu Aminata Touré, aux élections municipales, dans la localité de Grand-Yoff et avait même remporté les quinze communes sur les dix-neuf de Dakar. Certes, je suis contre toute utilisation de deniers publics à des fins personnelles, mais nous serions tous d’accord de l’emprisonnement de l’ancien maire de Dakar, si l’appareil judiciaire fonctionnait normalement.

Etant donné que la condamnation de l’ancien maire est exécutoire et définitive, une demande de grâce peut être introduite par lui, son avocat ou sa famille pour pouvoir bénéficier d’une liberté. Cinq ans de prison ferme et 5 millions de francs CFA d’amende pour détournement de deniers publics, l’ancien maire de Dakar est en train de purger sa peine avec dignité. On nous dit que si Khalifa introduit une demande de grâce, il pourrait bénéficier d’une liberté.

C’est sûr que sa famille, ses amis, ses partisans veulent qu’il introduise une demande de grâce pour pouvoir être avec eux et se préparer aux prochains combats, mais est-ce que c’est la meilleure décision ? Certes, la prison est dure, mais Dieu fait bien les choses et Il ne se trompe jamais. Cela fait partie de son destin, mais nul ne sait dans quel but. Purger dignement sa peine et sortir en héros ou bénéficier d’une grâce présidentielle qui peut être une stratégie perdante ?Seul Khalifa Sall pourra répondre à cette question, car lui seul sait ce qu’il endure.

Séparation des pouvoirs ?

L’appareil judiciaire ne marche pas correctement, car l’exécutif s’immisce dans le fonctionnement de la magistrature. Nous avons même assisté à la démission du juge Dème, qui accusait le président Sall de manipulation du Conseil supérieur de la magistrature. Qui contrôle le CSM contrôle le système judiciaire sénégalais.

En tant que candidat, nous étions tous tombé sous le charme de la dénonciation de Macky Sall de l’implication des membres de famille du président Wade. Hélas, son jeune frère fut nommé au poste le plus important de l’administration financière de l’Etat, avant que ce dernier ne démissionne, suite aux accusation de pots-de-vin reçus dans l’attribution de contrats pétroliers et gaziers. Son beau-frère est ministre et beaucoup de proches de son épouse, sont membres de conseils d’administration.

Macky Sall, a-t-il fait du copier-coller de la stratégie du président Wade ou est-ce la seule manière de gouverner au Sénégal ? Aucun président n’a amené une touche différente à la manière de diriger le pays. Chaque président modifie la Constitution à sa guise, maintient le pouvoir judiciaire sous son contrôle et il s’assure que la presse est sous son contrôle ou saccagée. Les forces de l’ordre sont toujours du camp du pouvoir et oublient la population. Chaque président qui vient au pouvoir s’enrichit et enrichit ses proches tout en appauvrissant le Sénégal et les Sénégalais. Chaque président nous dote d’infrastructures dont nous n’avons point besoin et nous endette, une dette que nous, pauvres Sénégalais, allons payer. Jusqu’à quand ?

Par Mohamed Dia

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