« Règlement interieur» : ISJA reste un établissement scolaire.
Dans l’affaire du port du voile, l’abondante inspiration ne rime très souvent pas avec la maîtrise du sujet qui nous est tous imposé et que nous jugeons complexe et délicat.
Beaucoup de gens ont compris qu’il ne s’agit aucunement d’un conflit inter- religieux né certainement d’une interprétation scripto-personnelle, juridique, idéologique ou tout simplement émotionnelle.
Nous (personnel enseignant, personnel administratif et de service), qui sommes directement concernés parce qu’étant acteurs de l’éducation à ISJA, déplorons la tournure actuelle de l’événement d’autant plus que la polémique nous permet de noter l’amalgame fait entre le rôle de l’école garanti en partie par le règlement intérieur et les croyances sacro-saintes des uns et des autres. Et c’est désolant.
A l’ISJA, l’harmonie ne souffre d’aucun manquement aussi bien au niveau du personnel qu’au niveau des élèves. La joie de travailler ensemble, le bonheur de rencontrer tous les apprenants dans tous les secteurs de l’établissement, la fierté de maintenir l’excellence aussi bien au niveau du résultat scolaire qu’au niveau du comportement, la franche collaboration avec les parents d’élèves présents dans toutes les instances de décision relatives à l’orientation, à la réorientation, à la gestion de la discipline … voilà le fondement de notre solidarité voire notre amitié. Pour preuve, l’existence de l’Amicale des personnels. A ISJA, seuls les prénoms informent sur l’identité religieuse.
Il est important et honnête de reconnaître que les filles voilées font partie des élèves les plus studieux, les plus sérieux, les plus intègres de l’établissement. Comment pourrait-on décider de les exclure de leur école ?
L’évocation de la « tête découverte » continue donc à rendre confus le véritable rôle de l’école si l’on se réfère aux différentes réactions négatives et/ou positives sur une partie du règlement intérieur de l’établissement. Déduction faite, le port du voile est désormais interdit. Bonjour débat !
Mais qui, dans le discours, s’intéresse sérieusement à l’école au point de s’investir personnellement pour connaître les véritables raisons de la révision du règlement intérieur et identifier les «victimes » ? Qu’est-ce qui, dans le règlement, remet en cause la laïcité de l’établissement dans notre très cher Sénégal et à ISJA ?
Nous avons jusque-là manifesté une sérénité sans faille, une solidarité professionnelle, un intérêt particulier porté à l’apprenant que nous considérons comme un « Homme debout ». Notre silence ne peut être définitif.
Nous invitons le Président de la République, le Ministre de l’éducation, les inspecteurs de l’éducation, les enseignants et professionnels de l’éducation nationale à éviter le piège de l’intolérance religieuse et de la délibération hâtive. Des autorités reconnues ont freiné l’ardeur des délateurs qui s’érigent en directeurs de conscience et en connaisseurs de tout sujet parce qu’ils sont les privilégiés des médias publics et privés. Non à la manipulation de la conscience collective !
Sans digression, il s’agit d’école, lieu d’instruction, d’éducation, de formation humaine et humaniste avec respect strict et acceptation des différences culturelles, religieuses, idéologiques. Pour rappel,
le but du règlement intérieur est d’assurer à l’établissement une vie collective fondée sur l’équité et la justice. Pour ce, la direction et les responsables de la congrégation des sœurs de Saint Joseph de Cluny, et non la France, souhaitent retrouver la même tenue des apprenants dans la cour de l’établissement scolaire et dans les classes.
Souhait, disons-nous, parce que le dialogue est effectif depuis l’année dernière.
Malheureusement, la concession ne concerne qu’une seule partie dans ce conflit. Un tel repli n’augure aucune perspective de sortie de crise. Or, l’ISJA a besoin de retrouver son calme habituel pour une bonne ambiance de travail dans la paix.
Les Délégués des personnels de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar
Dakar, le 7 septembre 2019
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