La grosse révélation de Aïda Ndiongue sur Abdoul Mbaye interpelle gravement celui-ci et ce n’est pas son parti qui pourrait apporter une réponse crédible. D’ailleurs, en quoi cette affaire concernerait-elle l’organisation politique de Mr Mbaye pour que celui-ci se permette de la déléguer pour se prononcer à sa place ? Que pourraient savoir ces nouveaux compagnons de circonstance d’une affaire qui remonte à plus d’une dizaine d’années, à une époque où le concerné lui-même était loin d’imaginer que le champ politique lui servirait plus tard de maison de retraite ? C’est l’homme Abdoul Mbaye qui est interpelé sur son rapport à l’éthique et la loi, c’est à lui de répondre.Les faits sont assez graves pour ne pas être occultés.
Les faits sont assez graves pour ne pas être occultés
En tant que Directeur général d’une banque, Mr Mbaye se serait permis, contre toutes normes déontologiques et légales, de surveiller les comptes de ses clients pour savoir qui possède quoi. Fort de ces informations, il aurait identifié la bonne proie (on connaît le cas de celle qui a parlé publiquement de son expérience, peut-être que d’autres ont préféré se taire) pour lui emprunter une forte somme d’argent, 500 millions de francs exactement, pour une transaction immobilière. Les faits rapportés par la principale concernée, celle qui aurait dû être la victime si son expérience personnelle ne lui avait pas forgé un caractère salvateur, sont suffisamment précis, suffisamment référencés pour ne pas être balayés d’une pirouette politicienne. Aïda Ndiongue évoque des acteurs qui seraient des témoins clés, comme la secrétaire de Mr Mbaye qui a été mandatée par son patron auprès d’elle ou encore le notaire auprès de qui la transaction devait s’effectuer. Il faut donc beaucoup plus qu’une esquive et un contrefeu pour démonter les révélations solides et crédibles de Mme Ndiongue.
Abdoul Mbaye met en avant son aisance financière à l’époque pour soutenir qu’il n’avait pas besoin d’emprunter 500 millions. L’argument est déficient, ce n’est pas parce qu’on en a beaucoup qu’on n’en voudrait pas davantage. La question d’intérêt à ce niveau, c’est de savoir si la démarche révélée par Mme Ndiongue était accompagnée d’une intention de rembourser l’emprunt sollicité ou s’agissait-il d’une vulgaire opération de spoliation visant à dérober à une femme d’affaires une partie de son patrimoine pour agrandir celui d’un banquier controversé que certains de ces anciens clients ne cessent présenter comme étant véreux, son nom revenant dans plusieurs dossiers scabreux.
Mise en cause sur plusieurs ténébreuses affaires
Cette affaire Aïda Ndiongue n’est pas la première dans laquelle le banquier Abdoul Mbaye est mis en cause. On connaît beaucoup de femmes et d’hommes d’affaires qui ont eu à soutenir publiquement contre lui des accusations de spoliation et la liste ne se limite pas simplement aux cas actuels d’Oumou Salama Tall et de Bocar Samba Dièye. Il y a particulièrement le cas très émouvant de cet ancien député socialiste, aujourd’hui disparu, qui s’est battu jusqu’au terme de sa vie pour, à défaut de faire condamner Mr Mbaye par la justice, le démasquer aux yeux de l’opinion par voie de médias. On peut noter aussi parmi les cas qui sortent de l’ordinaire, l’affaire de la fortune colossale dérobée au peuple tchadien par l’ancien dictateur Hissein Habré qui l’a amenée avec lui au Sénégal et que le banquier aurait aidé à blanchir. Le contentieux civil qui a opposé Abdoul Mbaye à son ex épouse a été aussi le cadre d’accusations et de révélations portées contre lui par celle qui a partagé sa vie pendant des décennies. Personne sans foi, déloyale, faussaire et escroc caractérisent le personnage abominable dépeint par la dame.
Abdoul Mbaye ne peut plus continuer à se prétendre le champion de la vertu dans l’espace public sans au préalable solder ses comptes dans ces multiples dossiers qui le présentent sous ce visage si répugnant. Le peuple ne saurait accepter un tel mépris. Tous ceux qui, au nom de la défense de la probité et de l’intégrité, passent leur temps à salir et insulter des gens sur la base de simples soupçons ou suppositions sont mis à l’épreuve. Les voilà confrontés à un cas pratique qui les interpelle fortement. Se taire devant cette affaire les disqualifierait définitivement du rôle qu’ils prétendent jouer.
Guédel Mbodji
Spécialiste en Communication et Marketing
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