Tout semble suggérer que le pouvoir joue avec les statistiques, se donnant le beau rôle dans le cadre de l’assistance aux démunis, mais dénaturant la réalité des chiffres quant au nombre non maîtrisé des contaminations au Covid-19 ou néo-Coronavirus. L’horizon 2024 est là, avec ses clones qui voudraient bénéficier de la reconnaissance du ventre.
Le plan B du clan Faye-Sall est entré en scène à la faveur des crises du Covid-19. Responsable du projet d’appui aux ménages impactés par la pandémie du Coronavirus, Mansour Faye qui s’est présenté devant les Sénégalais par la lucarne aura de la difficulté à trouver le million de foyers collectifs à encadrer : seuls 10.595 ménages sont dits collectifs sur le million cinquante-deux mille ménages recensés selon Sud quotidien online du 15 mai 2014 citant le Recensement général de la population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage (Rgphae) piloté par l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (Ansd). Cela devrait donner une population prioritaire de quelque 200.000 âmes, ce que confortent certains chiffres axés sur la consommation des ménages, notamment au niveau de l’énergie électrique : ”La SENELEC dispose de 1 million 70 mille d’abonnés, dont 65 % sont des clients domestiques et 35 % des industriels (Sénégo, 29 juil. 2015) ; dans l’hypothèse la plus haute, le nombre d’assistés, hors les villes exclues par le programme, serait, si on est généreux, 700.000, compte non tenu de la logistique. Le pouvoir y a pensé sur le tard en révisant à la hausse le budget confié au ministre du Développement communautaire et de l’Équité sociale et territoriale passé de 50 à 60 milliards. Le reste serait constitué de cellules composites et écartelées.
La situation a empiré au cours de ces trente dernières années : une enquête sur les priorités (ESP) et sur les activités des ménages (ESAM) fait apparaître que 30% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté considéré comme la dépense nécessaire à l’acquisition de 2.400 calories/jour et par personne dans le ménage. En se basant sur cet indicateur, l’enquête concluait que 75% des ménages pauvres sont localisés en milieu rural et que 58% des ménages ruraux sont pauvres (République du Sénégal, Ministère des Finances, Direction de la Statistique, 1991). Le pouvoir compte profiter de cette dégradation constatée depuis 2012 pour venir en aide à des populations qui devraient conséquemment avoir la reconnaissance du ventre. En termes d’exemple, Dakar, Pikine et Touba servent en moyenne 75 millions de repas par an, suivi, à Dakar, par le Centre des Œuvres universitaire qui sert, bon an mal an, 25 millions de repas, avec quelquefois des pics mensuels de 3 millions, selon un ancien directeur du centre.
Que sont alors devenus les 777.931 chefs de ménage dont 20% de femmes relevés il y a trente ans (ESAM, 1991) ? Certes, les décès, démissions volontaires, départs à la retraite, fugues maritales enregistrés après la dévaluation-dévalisation de 1994 ont déstabilisé la cellule familiale, mais encore ? La déstructuration ne se serait pas poursuivie par une restructuration de la cellule de base de la société et le ménage n’aurait plus la même densité d’il y a un peu plus d’une génération : acceptée dans sa forme, la cellule familiale connait une dislocation douce quand le père n’aura plus la force qui faisait son autorité : l’argent.
Aujourd’hui, face à la pandémie du Coronavirus, le Sénégal se prépare donc au pire ou cherche à faire peur à des populations qui devraient se sentir redevable des efforts fournis pour les maintenir en vie : les techniciens redoutent la mi-avril au moment où, pour la première fois, le communiqué quotidien du ministère de la Santé évoquait les deux premiers décès liés au Covid-19. Le pouvoir risque cependant de précipiter le rendez-vous médical fixé : le manifeste est latent depuis la fin-mars avec des contaminations locales supérieures aux cas importés. Les invites au durcissement du confinement n’ont pas prospéré devant la situation qui semble cependant globalement se stabiliser depuis le 4 avril, avec des cas locaux uniquement vérifiés le 5 avril. Ce qui était somme toute prévisible, selon les hauts cadres de santé.
Pathé MBODJE, M. Sc,
Journaliste, sociologue
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