De la réforme du CNRA pour libérer la liberté d’expression des opinions politiques au Sénégal

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Le service public de l’information est en crise au Sénégal. Sous financement des entreprises médias, fiscalité inadaptée , insécurité des situations de travail pour les professionnels de l’information sont entre autres les maux du secteur.
Mais il y a pire : les dispositions obsolètes qui encadrent la régulation audiovisuelle.
Troisième du genre après le Haut Conseil de la Radio Télévision ( 1991-1998) et le Haut Conseil de l’Audiovisuel ( 1998-2005), le Conseil National de Régulation Audiovisuelle ( CNRA) a été institué par la loi 2006-04 du 04 janvier 2006.
“Tous les médias audiovisuels entrent dans le champ de compétence de l’organe de régulation des médias audiovisuels quel que soit leur statut juridique”, précise la loi précitée.
Mais le CNRA, s’inscrivant dans le statu quo, a malheureusement procédé à une interprétation restrictive de sa mission.
En effet, lorsque l’idée d’un éventuel débat entre le Premier ministre Ousmane SONKO et son rival l’ancien Chef de Gouvernement Amadou BA a fait irruption dans l’espace public, le CNRA a opposé son veto, sous prétexte d’une rupture d’égalité entre les candidats.
Le CNRA a adopté en l’occurrence une position traditionnelle d’égalité de traitement entre candidats et ne s’est pas suffisamment projeté en faisant prévaloir la liberté d’expression des opinions politiques.
Or, il s’agit là, d’une belle occasion pour le nouveau Président du CNRA, de libérer la liberté d’expression politique en se projetant dans la régulation de 4ème génération par la prise en compte du consensus populaire pour le débat politique ouvert et inclusif.

Le Président Abdou DIOUF n’a jamais publiquement débattu avec le Président Abdoulaye WADE qui n’a pas offert cette opportunité à l’opposant Macky SALL qui s’est lui-même abstenu de prendre le risque d’un face à face médiatique avec ses opposants.
Si donc ces derniers, en la personne du Premier ministre Ousmane SONKO ont jugé utile de débattre publiquement sur les choix de gouvernement, le CNRA ne devrait surtout pas être en dessous de ses prérogatives en sa qualité d’Autorité Administrative Indépendante chargée de la régulation audiovisuelle.
Et le Premier ministre a eu raison de rappeler : «Les éventuelles lacunes du Code électoral ou de la loi sur le CNRA avec des dispositions obsolètes quant à l’organisation des débats à l’occasion des élections au Sénégal, ne sauraient constituer un obstacle dirimant à sa tenue. »
Parce qu’en réalité, réguler n’est rien d’autre que le fait de garantir le fonctionnement correct d’un système complexe.
Certes, au regard du nombre de listes en lice pour les prochaines élections législatives, la tâche peut sembler ardue.
Mais en définitive, il ne s’agit, ici, que d’une question de monitoring et le CNRA dispose d’un personnel pourvu d’une expérience avérée en la matière.
Oui donc à la libération de la liberté d’expression des opinions politiques surtout en période électorale.
Afin que les Sénégalais puissent choisir leurs dirigeants politiques en connaissance de cause.

Bouna Manel FALL
Ancien Conseiller juridique Ministère de la Communication
Ancien Conseiller juridique au CNRA
Ancien Professeur en droit des médias au CESTI
Président de l’association sénégalaise pour le Savoir, l’Information et la liberté d’Expression ( SILEX )

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